Billet invité.
La configuration des relations futures entre l’Union européenne et le Royaume-Uni va être la grande affaire des mois qui viennent, éclipsant les suites de la crise des réfugiés et de l’espace Schengen, ainsi que l’échec prévisible du premier test de l’Union bancaire en Italie.
Les négociations ne sont censées débuter que lorsque le Royaume-Uni aura formellement déclaré sortir de l’Union en actionnant l’article 50, mais elles sont déjà présentes dans tous les esprits. Son accès futur au marché unique est la grande question, qui suppose un accord sur la libre circulation des personnes contradictoire avec le thème anti-immigration de la campagne des partisans du Brexit. C’est à ce prix que la City – le joyaux de la Couronne – pourrait conserver un « passeport » lui permettant d’accéder au marché européen sans entraves, au détriment des places de la zone euro qui rêvent de récupérer des parts des marchés financiers .
Deux options sont disponibles : celle d’un accord ad hoc ou bien la réplication de celui dont la Norvège bénéficie par exemple au sein de l’Espace Economique Européen (EEE). Ce dernier schéma pourrait permettre au Royaume-Uni de conserver son unité en évitant la sécession écossaise, mais il suppose une contrepartie sur la circulation des personnes que David Cameron a déjà annoncé vouloir discuter hier soir à Bruxelles. Les dirigeants européens vont être à leur affaire sur leur terrain d’élection, celui de la recherche d’un compromis. Mais la crise politique britannique qui s’est révélée dans toute son ampleur va le compliquer.
D’ici septembre, les conservateurs vont devoir choisir leur futur dirigeant appelé à devenir premier ministre, dont les vainqueurs du référendum vont attendre une amélioration de leur situation. Et les travaillistes vont être traversés par la poursuite de la crise interne engagée, suite au coup d’État dans l’immédiat raté des députés contre Jeremy Corbin, qui peut s’appuyer sur les adhérents du parti qui l’ont élu massivement.
Le vote en faveur du Brexit est l’expression d’un ras-le-bol envers l’establishment et une Union européenne responsable d’une invasion étrangère intra-européenne ressentie comme une menace sur l’emploi. Il résonne dans presque toute l’Europe où les plus vulnérables sont atteints et se trompent de cible en cherchant à se protéger, avec comme exceptions significatives l’Espagne, la Grèce et le Portugal.
Rien d’étonnant à ce que les dirigeants européens enfourchent à présent les thèmes de la défense et de la sécurité, car ceux-ci représentent à la fois leur plus petit commun dénominateur et le terrain sur lequel ils sont attendus. Faute de confiance en eux, au vu des dégâts qu’ils ont déjà occasionnés, il n’est pas espéré d’eux une intégration renforcée de l’Europe qui ne pourrait que conduire au pire et dont ils ne sont d’ailleurs pas capables en raison de leurs conflits d’intérêt.