LA TACHE INDÉLÉBILE DES RÉFUGIÉS, par François Leclerc

Billet invité.

Près de 700 réfugiés se sont noyés la semaine passée en Méditerranée en dépit des sauvetages en mer qui se sont multipliés, selon le HCR. Aussi meurtrière que la route des Balkans vers l’Europe du Nord, la voie Libyenne vers l’Italie a pris le relais. Si les réfugiés ne traversent plus la mer Égée qu’en nombre réduit, l’exode ne connait pas de répit. Au départ de la Grèce, ils tentent encore de traverser la Bulgarie avec le concours de passeurs et beaucoup se font arrêter.

En Grèce, où le camp sauvage d’Idomeni a été évacué sans heurts par la police, les réfugiés s’entassent dans des camps où la nourriture, l’eau et l’hygiène font défaut. Nombre d’entre eux, qui se refusent à les rejoindre, trouvent des solutions de fortune ici ou là. Autre aspect, ne pouvant entrer en Turquie, 6.000 personnes ont cherché refuge dans les zones syriennes limitrophes de la frontière avec la Turquie que les combattants kurdes contrôlent, car celle-ci est fermée par l’armée turque. Côté syrien, les camps qui la jouxtent sont surpeuplés et les conditions de vie sont également précaires.

Qu’en est-il de l’exemption de visa pour les Turcs initialement prévue pour la fin juin ? « Les conditions ne sont pas encore remplies » a déclaré Angela Merkel, et les négociations se poursuivent a révélé le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu. Le nouvel objectif serait de trouver un accord à temps pour le prochain Conseil européen des 7 et 8 juillet prochain, mais les points de vue semblent aujourd’hui irréconciliables. Les pourparlers en cours tourneraient autour de la définition de « terrorisme » dans la loi turque dont les dirigeants européens demanderaient l’amendement, le ministre turc ayant beau jeu de faire remarquer, citant l’exemple de la France, qu’elle est à géométrie variable…

Le désastre n’est pas destiné à s’améliorer. La principale préoccupation des dirigeants européens est de faire barrage aux réfugiés afin qu’ils n’entrent pas en Europe. les grands principes sont remisés, le principe même de l’asile est bafoué. Rideau  !