EN GRÈCE, UNE ÉPÉE DE DAMOCLÈS… par François Leclerc

Billet invité.

L’opposition de droite grecque est désormais créditée de la première place par les sondages, tandis que la question du maintien à tout prix au pouvoir est posée au sein de Syriza par un important courant auquel le ministre des finances Euclid Tsakalotos appartient. De son côté, l’ancienne présidente de l’Assemblée nationale Zoe Konstantopoúlou, qui a quitté Syriza, lance son parti anti-austérité « En route pour la liberté ! ».

Avec une marge de manœuvre qui se rétrécit, Alexis Tsipras essaye de conclure les négociations qui s’éternisent, avec en ligne de mire une échéance auprès de la BCE en juillet prochain et un versement du 3ème plan de sauvetage permettant de l’honorer. Les créanciers de la Grèce, FMI d’un côté et institutions européennes de l’autre, se sont finalement mis d’accord à Washington sur une position commune après avoir été longtemps divisés. Un dispositif à deux détentes est désormais proposé au gouvernement grec, ses propositions actuelles de réformes acceptées, à condition qu’un second train franchissant les lignes rouges représentant selon les sources 2,7 ou 3 milliards d’euros d’économies soit engagé en 2018, si l’objectif d’excédent budgétaire de 3,5% du PIB n’est pas atteint.

L’économie grecque continue de s’enfoncer, rendant la réalisation de cet objectif très peu vraisemblable. Soumise à un régime très sévère, la Grèce est en récession depuis 2008, son système bancaire est plombé par un niveau élevé de créances douteuses et son taux de chômage avoisine toujours 25%.

Sur le devant de la scène, les créanciers réunis dans le Quartet – FMI, Commission, BCE et Mécanisme européen de stabilité (MES) amusent la galerie par des déclarations tour à tour optimistes et dubitatives. Derrière la façade, le soulagement règne pour avoir trouvé un compromis entre elles en gagnant une fois de plus du temps pour ne pas reconnaître que leur politique est un fiasco. Il faut à tout prix maintenir le plus longtemps possible la fiction qu’un rétablissement est possible, quitte à imposer des objectifs irréalistes. Suspecté de vouloir trouver un moyen de sortir de ce guêpier, le FMI a cherché sans y parvenir à faire selon ses critères, une opération vérité pour l’éviter.

Elle imposait à Alexis Tsipras d’accepter des mesures d’austérité supplémentaires qui seront repoussées à 2018 s’il accepte l’accord qui lui est proposé. Il a tenté de trouver des appuis européens et de jouer dans le pays la carte anti-FMI dont la résonance est forte, mais il se trouve désormais placé devant un choix difficile. Refuser les conditions qui lui sont proposées reviendra à mettre en cause son choix initial de signer le plan de sauvetage en cours, contre l’avis de Yanis Varoufakis et de Zoe Konstantopoúlou . Les accepter aura pour effet de placer au-dessus de sa tête une épée de Damoclès, dans l’espoir que la situation européenne permettra à l’échéance de 2018 d’obtenir ce qu’il n’est pas parvenu à négocier afin de revenir sur cet accord.