MAUVAIS DÉPART DANS LES ÎLES GRECQUES, par François Leclerc

Billet invité.

Dans la confusion qui règne sur les îles et sur le continent, une visite du pape François et du patriarche œcuménique orthodoxe Bartholomée Ier a été annoncée à Lesbos pour la semaine prochaine, afin qu’ils puissent sur place exprimer leur soutien aux réfugiés. Ils seront accompagnés par Alexis Tsipras. Angela Merkel va également se déplacer, mais ce sera pour aller visiter un camp de réfugiés en Turquie… Une page est tournée.

La déportation des premiers réfugiés vers la Turquie de lundi dernier a fait basculer la situation dans les îles grecques, tous ayant maintenant compris ce qui les attendait, désespérés et sans appuis. Par milliers, ceux-ci se sont décidés à déposer une demande d’asile en Grèce, espérant ainsi éviter d’être à leur tour déportés.

La manœuvre est illusoire, ils ne pourront que le retarder. Dans l’immédiat, elle a abouti au report de mercredi à vendredi des prochaines expulsions, les autorités grecques ne disposant pas d’assez de réfugiés pour en organiser une nouvelle à Lesbos, et la situation à Chios n’y étant pas propice. Les arrivées quotidiennes dans les îles ont ralenti, mais elles sont en nombre supérieur à celui des réfugiés déportés, ce qui sera vite intenable si cela se poursuit ainsi.

Les personnels attendus de Frontex ou des forces de police – le gouvernement français a prévu l’envoi de 200 CRS, policiers et gendarmes – n’arrivent que lentement, ce qui contribue à ralentir les opérations et pourrait rendre incontrôlable la situation si les réfugiés se révoltaient. À Chios, où plusieurs centaines de réfugiés se sont évadés de leur camp de détention après des affrontements entre eux, l’ambiance est très tendue et le refus d’être renvoyé en Turquie clairement signifié.

Que se passera-t-il quand le tour des demandeurs d’asile viendra, et les procédures appelées à traîner en longueur expédiées ? Certains réfugiés auraient déjà été conduits aux bateaux de Frontex les mains menottées, Amnesty a relevé le cas d’Afghans qui n’auraient pas eu la possibilité de demander l’asile avant d’être embarqués. Où va-t-on ?