Billet invité.
On en arrive à un stade où il faut se demander quelle est la plus grande illustration des conduites d’échec des dirigeants européens qui se succèdent et s’additionnent ? Car les candidatures ne manquent pas, à commencer par la Grèce qu’il ne faut pas oublier, qui attend toujours le déblocage d’une tranche de l’aide financière lui permettant de rembourser… les tranches précédentes ! Ainsi que le Portugal, tout désigné pour facilement la rejoindre au pilori. Mais la crise s’est provisoirement déplacée, leur procurant un répit, pour devenir celle des réfugiés. Elle aussi est sans solution, car on s’attend à ce que l’exode interrompue ici reprenne là, se frayant de nouveaux chemins.
La réponse qui y a été apportée est aussi peu convaincante – pour s’en tenir à ce seul critère – que pour les autres. Une nouvelle fois, il s’agit de gagner du temps, cet exercice dont la BCE s’est faite la championne faute de mieux. Car être par défaut est bien ce qui caractérise la politique des autorités européennes, incapables de concrétiser une vision positive. En dernier ressort, des voix s’élèvent pour préconiser que la banque centrale distribue directement un revenu de complément aux particuliers pour assurer une relance introuvable, suscitant en Allemagne une levée unanime de boucliers enterrant cette option.
Au plan politique, l’Espagne fournit la dernière illustration en date de cette impasse généralisée. Cent jours se sont écoulés depuis les dernières élections législatives, mais aucun gouvernement n’est toujours en vue et de nouvelles élections vont très probablement devoir être organisées. Mais on doute par avance qu’elles puissent déboucher sur une solution. Et l’on attend les prochaines échéances dans d’autres pays pour mesurer l’ampleur des dégâts.
Quelle que soit sa dimension, la crise serait donc devenue un état permanent ne trouvant pas d’issue. La raison n’est pas difficile à trouver : changer de politique se vérifie être hors de portée. L’Europe est en train de se désagréger et nos élites y assistent impuissantes. Les forces les plus conformistes et réactionnaires pèsent de tout leur poids pour les enfermer dans une stratégie à laquelle elles se rallient, n’ayant plus les moyens de leur politique habituelle quand elles se prétendent encore de gauche, par défaut là aussi.
L’interrogation sur la posture que le système capitaliste allait adopter – entre le voie de la réforme et celle de la défense de son intégrité – semble avoir trouvé sa réponse. Les voix en faveur de la première option sont certes plus nombreuses au fur et à mesure que le temps passe et que la crise s’approfondit, mais elles ne sont pas décisives. Avec une opiniâtreté qui finirait par forcer l’admiration à cause de sa candeur, les défenseurs du système sont incapables de se remettre en question et, aveuglés par leur avidité, croient venu le moment de remporter une grande victoire….