PATHÉTIQUES DIRIGEANTS EUROPÉENS ! par François Leclerc

Billet invité.

Pronostiquons que le sommet en cours va accoucher d’un communiqué plein de mots et de tournures évasives, personne n’ayant intérêt à un échec flagrant. Mais qu’en sera-t-il quand viendra le temps de l’appliquer ? Quand le financement du gouvernement turc devra être partagé, ou quand il faudra réunir les moyens logistiques et humains permettant au gouvernement grec d’accomplir sa mission ?

Mais n’anticipons pas, l’accord final n’est pas encore rédigé, les discussions avec le premier ministre turc Ahmet Davutoglu ne viennent que de commencer ce matin à Bruxelles en petit comité – Donald Tusk, Mark Rutte et Jean-Claude Juncker – la séance plénière d’hier ayant été destinée à constituer un front commun pour les préparer.

La légalité du refoulement en Turquie des réfugiés, qualifiés de « migrants » pour les besoins de la cause, n’est pas encore réglée, celle-ci refusant d’être jugée à propos de la protection qu’elle s’engagerait à leur accorder « en accord avec les standards internationaux appropriés ». La Turquie n’est en effet pas signataire de la Convention de Genève sur les réfugiés, à laquelle il n’est pas question de faire référence comme si elle ne s’appliquait pas. Des formulations seront-elles par ailleurs trouvées pour satisfaire le gouvernement chypriote, qui menace de son veto ? Sans nul doute, enfin, les négociateurs européens manifesteront leur profond attachement au respect des droits de l’homme qui sont tous les jours bafoués. Mais on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs !

Les dirigeants européens n’ont pas les moyens de répondre par eux-même à l’exode des réfugiés, plaçant leur destin entre les mains de la Macédoine et de la Turquie, deux pays qui ne font pas partie de l’Union européenne. Cette dernière est dirigée par un autocrate à côté de qui Viktor Orbán, le premier ministre hongrois, finira par apparaitre comme un grand démocrate….

« Pour nous, pour la Turquie, la question des réfugiés n’est pas une question de marchandage, mais une question de valeurs humanitaires, ainsi que de valeurs européennes », a carrément déclaré le premier ministre turc à son arrivée à Bruxelles. A nouveau, il a prétendu qu’il répondait à des considérations « humanitaires ». Hier, le gouvernement turc refusait de renouveler l’accréditation du correspondant de l’hebdomadaire allemand Der Spiegel et le président Recep Tayyip Erdoğan réclamait la levée de l’immunité de parlementaires pro-kurdes afin de les poursuivre pour complicité avec le « terrorisme ». Devant le risque d’attentats dans ce pays déclaré conne « sûr » l’Ambassade d’Allemagne et les consulats ont été fermés…

Ce sommet en cours a tout de l’opération de sauvetage, les plus hautes autorités sombrant dans le pathétique, suspendues à un accord avec un gouvernement d’autocrates.