DOUBLE PEINE POUR LA GRÈCE, par François Leclerc

Billet invité.

À quelle sauce la Grèce va-t-elle être mangée, elle dont le rôle va rester clé tant que la sous-traitance par la Turquie de la crise des réfugiés ne sera pas réalisée, si tant est que celle-ci intervienne ? Une réunion de l’Eurogroupe s’est tenue hier, mais elle n’a rien clarifié.

Tous occupés à distribuer des mauvais points budgétaires à l’Autriche, la Belgique, l’Italie, la Lituanie et la Slovénie, se réservant pour plus tard pour l’Espagne et le Portugal qui ne perdent rien pour attendre, les ministres des finances ont seulement décidé du retour incessant du Quartet des créanciers à Athènes et du démarrage « prochain » des négociations sur la dette.

Dans cette attente, ils ne pouvaient pas moins faire que de prendre une décision qualifiée par Pierre Moscovici de « politique ». Celle-ci semble avoir été unanime, car pour le reste les désaccords subsistent et la tonalité n’est pas à la complaisance. Wolfgang Schäuble a demandé à ne pas mélanger la crise des réfugiés et celle de la dette, tout en affirmant que « on a été très généreux et on reste très généreux ». Qu’est-ce que cela serait sinon !

Coupant court aux spéculations à propos des désaccords entre l’Union européenne et le FMI, ainsi qu’à l’assouplissement des contraintes que la Grèce pourrait attendre de son accueil forcé des réfugiés, Jeroen Dijsselbloem qui préside l’Eurogroupe a précisé : « que cela soit bien clair, il nous faut une réforme des retraites crédible et durable et le budget doit être sur les rails également pour le moyen terme », a-t-il dit, avertissant « que cela ne va pas être facile ».

De son côté, Wolfgang Schäuble reste opposé à tout allègement de la dette, faisant valoir que son remboursement et le payement de ses intérêts n’interviendront pas avant des années. Plus sensible à la demande d’Alexis Tsipras qui cherche à justifier sa politique en obtenant des contreparties, Michel Sapin évoque pour sa part une extension de la maturité de la dette grecque et Jeroen Dijsselbloem rappelle que son réaménagement est « une promesse de longue date ».

Il n’y a pas de raison pour que la question soit rapidement éclaircie par les adeptes des solutions de pourrissement.