LA GRÈCE GOULOT D’ÉTRANGLEMENT DE L’EXODE, par François Leclerc

Billet invité.

Devenu goulot d’étranglement à la frontière avec la Macédoine, le village d’Idoméni est appelé à devenir pour la Grèce ce que Calais a été pour la France, mais en beaucoup plus grand. 7.000 réfugiés, dont de très nombreuses femmes et leurs enfants, campent déjà tant bien que mal dans des installations prévues pour 1.600 personnes, et 3.000 d’entre eux sont réduits à dormir dans les champs, tandis que par centaines ils continuent d’arriver, en taxi ou même à pied. En dépit des efforts des ONG, Il n’y a pas de nourriture pour tout le monde et les queues pour s’en procurer deviennent interminables.

Dans l’espoir d’une ouverture – jamais annoncée à l’avance – de la porte permettant à chaque fois l’entrée contingentée en Macédoine de quelques dizaines de réfugiés syriens et irakiens munis de leurs papiers d’identité – tous les autres étant sans exception refoulés – ses abords ne désemplissent pas dans la crainte de rater cette dernière chance. Ce qui justifie pour les réfugiés de rejoindre envers et contre tout Idoméni pour la tenter.

Voilà tout ce que l’Europe est en mesure d’offrir aux réfugiés de guerre.

Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a débuté mardi à Vienne une tournée dans les pays des Balkans, avant de se rendre jeudi et vendredi en Turquie, de derniers préparatifs avant le sommet européen du 7 mars auquel le gouvernement turc est invité. Mais ces mêmes pays annoncent prendre leurs dispositions pour renforcer leurs frontières avec des moyens policiers et militaires. Et la flotte de l’OTAN n’est toujours pas déployée, dans l’attente de l’autorisation des autorités turques de pénétrer dans ses eaux territoriales. Au bout du compte, la Grèce n’a pas d’autre choix que d’accueillir des réfugiés désemparés qui continuent d’affluer.

« Nous ne sommes pas en mesure de faire face », a prévenu Olga Gerovassili, la porte-parole du gouvernement. Celui-ci a soumis un plan d’urgence à la Commission et demandé une aide financière de 480 millions d’euros, dans la perspective d’avoir à prendre en charge 110.000 réfugiés. En réponse, cette dernière a chichement proposé de dégager une enveloppe de 700 millions sur trois ans, afin de fournir de l’aide « là où elle sera le plus nécessaire ». Même sur ce terrain, elle n’est pas à la hauteur !

Signe des temps, les crédits de l’aide humanitaire commencent à être affectés à des pays européens par une Commission qui n’a que plus que cette mission à accomplir, toutes ses velléités de maîtriser la crise des réfugiés abandonnées dans les faits.