MICHEL SAPIN EN FLAGRANT DÉLIT DE DÉNI, par François Leclerc

Billet invité.

Le G20 des ministres des finances qui va s’ouvrir à Shanghaï est « un G20 de continuité » a affirmé Michel Sapin. Alors que les préconisations sur la conduite à tenir volent dans tous les sens, le ministre français a benoitement ajouté : « nous n’avons pas à mettre en œuvre des politiques nouvelles, nous n’avons pas à faire face à une crise comme celles qu’on a pu connaître à d’autres moments ». L’immobilisme fait politique, d’autres parleraient de paralysie !

Pourtant, si le ministre noie le poisson les marchés continuent de faire savoir sans ambiguïté que rien ne va plus. Selon Bank of America Merrill Lynch, les deux tiers des 26.000 milliards de dollars d’obligations souveraines que son indice recense sont assortis d’un taux inférieur à 1%. Mieux encore, plus du quart des titres recensés a désormais un taux négatif. C’est le cas des titres japonais à 40 ans ainsi que celui des titres suisses à 10 ans, pour prendre deux cas spectaculaires.

Dans un tel environnement, les investisseurs à long terme traditionnels que sont les compagnies d’assurance et les fonds de pension sont de plus en plus acculés à un choix : accepter de très bas rendements qui les déstabilisent au fur et à mesure du renouvellement de leurs titres, quand ceux qu’ils détiennent arrivent à échéance, ou aller risquer leur bonne fortune ailleurs sur les marchés financiers.

Un mécanisme redoutable contribue à faire baisser les taux des obligations, les achats de titres souverains se concentrant sur les maturités les plus longues aux taux moins éprouvés. La demande sur ces titres est telle qu’elle aboutit à augmenter leur valeur et donc à baisser leur rendement ! La baisse des taux a son moteur propre. Alex Dryden, un analyste de JPMorgan cité par le Financial Times, résume ainsi la situation : « nous allons d’un environnement à taux faible à un environnement sans taux ».

Après tout, Michel Sapin a raison sans le savoir en disant « nous n’avons pas à faire face à une crise comme celles qu’on a pu connaître à d’autres moments ». Le déni est le dernier refuge quand on ne sait plus quoi faire. Ces gens sont totalement dépassés par leurs petits calculs.