Billet invité.
Fuyant le piège de l’encerclement d’Alep, les réfugiés syriens sont tombés dans un autre, toujours bloqués par dizaines de milliers à la frontière avec la Turquie où ils ne peuvent chercher refuge. De leur côté, abandonnant toute précaution de langage, les autorités autrichiennes appuient la création d’une nouvelle « ligne de défense » pour remplacer la Grèce défaillante, comme si les réfugiés étaient des attaquants. Ils n’hésitent pas à préconiser que l’agence Frontex ramène en Turquie les réfugiés qu’elle sauve en mer, au mépris des conventions internationales.
La situation humanitaire des réfugiés syriens est de plus en plus désespérée. Recep Tayyip Erdoğan a déclaré à qui veut l’entendre que si les Syriens poussés à l’exode « sont à nos portes et n’ont pas d’autre choix, nous devons laisser entrer nos frères et nous le ferons », avant d’ajouter « si nécessaire ». L’éventualité de cette ouverture est retenue, mais pas cette conditionnalité qui n’est pas précisée. Les réfugiés syriens sont désormais otages de la politique du président turc, sans que l’on sache comment il va monnayer leur sort. Angela Merkel en aura sans doute la primeur demain à Ankara.
Les autorités turques meublent l’attente en utilisant des tournures de phrase qui tournent autour du pot. « La Turquie n’est pas en position de leur dire de ne pas venir » a déclaré le porte-parole du gouvernement.