LA MESSE EST DITE ! par François Leclerc

Billet invité.

Moins d’un an après avoir engagé une enquête afin de déterminer si oui ou non les banques britanniques « avaient un comportement approprié » en matière de rémunérations, d’appréciation du travail et de promotion de leurs cadres intermédiaires, la Financial Conduct Authority (FCA) a décidé d’y mettre fin sans tambours ni trompettes. Cela mérite explication.

Reprenant à son compte l’argument de la British Banker’s Association, le régulateur a eu comme argument imparable que la « culture bancaire » ne se prête pas à un tel examen, chacune des banques ayant sa politique qui ne peut être comparée à celle des autres, ce qui revient à dire qu’elles sont le mieux placées pour juger de leur propre cas.

Une première alerte était intervenue en juillet dernier lorsque Martin Weathly, le patron de la FCA, avait été proprement débarqué à la suite de la victoire électorale des conservateurs, signant la fin d’une époque comme également constaté à Bruxelles. Le dénigrement des banques devait cesser, et il n’était plus question de continuer à mettre le nez dans leurs affaires ainsi que de leur asséner d’énormes amendes pour mauvaise conduite. De plus, des cadres intermédiaires étaient à chaque fois présentés comme les fautifs, mais l’enquête de la FCA aurait pu mettre en évidence des méthodes d’incitation à la faute susceptibles de faire rechercher les responsabilités à un rang plus élevé. Il fallait donc tout arrêter.

Des observateurs pugnaces ne voulant pas reconnaître que leur temps est révolu, le bruit a cependant couru dans l’enceinte de la City que la perspective de voir la banque HSBC quitter son giron pour établir son siège à Hong Kong ne serait pas étrangère au revirement qui vient d’être décidé. La banque transnationale avait en effet annoncé prendre sa décision début 2016, une fois pesé le pour et le contre, et l’échéance était toute proche.

Les autorités financières l’ont pris de court, si l’on peut dire, anticipant le départ de HSBC comme une catastrophe. Ses conséquences sur les rentrées fiscales et sur l’emploi étaient avancées, mais bien plus était redouté, en l’espèce, l’émergence d’un troisième pôle financier mondial concurrent des places de Londres et de New York.

Courageux mais pas téméraire, le Trésor britannique – l’équivalent du ministère de l’économie et des finances – s’est défaussé sur la FCA du Halte au feu ! qui vient d’intervenir, tout en se reconnaissant concerné par « l’intégrité de la City », ce qui vaut aveu. On s’en serait un peu douté, cette dernière est le vrai patron.