L’ORDRE NOUVEAU QUI SE PRÉSENTE, par François Leclerc

Billet invité.

« Nous ne pouvons pas maintenir sur la durée notre État social, si l’afflux de réfugiés se poursuit ainsi. Si l’Union européenne ne protège pas mieux ses frontières extérieures, alors un petit groupe de pays le fera », a déclaré Jeroen Dijsselbloem au quotidien allemand Handelsblatt, précisant qu’il n’est pas « très optimiste » sur la survie de l’actuel espace Schengen. On appréciera l’argument.

Plus qu’un simple ballon d’essai, l’hypothèse d’un « mini-Schengen » est une forte tentation. Sécuriser la frontière d’un espace restreint serait un moindre mal pour éviter leur rétablissement systématique et représenterait en fin de compte la meilleure issue afin de maitriser sans coup férir l’exode des réfugiés. Aux autres de se débrouiller. Que peuvent en effet concrètement attendre les autorité européennes du sommet de demain dimanche consacré au rôle-clé dévolu à la Turquie, avec en invité vedette son premier ministre Ahmet Davutoğlu, le président ne s’étant pas déplacé ? Quelles contreparties devront être accordées au régime turc et avec quels effets ? Il y a un gros malaise  !

Visionnaire, le président de l’Eurogroupe l’est à un autre titre. Confirmant que les dépenses relatives à l’accueil des réfugiés ou à les endiguer pourront être exclues du calcul du déficit budgétaire par la Commission européenne – dont il ne fait pas partie – il s’oppose dès maintenant à ce qu’elles soient déduites « durablement » du calcul des déficits.

Sentant le vent tourner, le ministre français des finances Michel Sapin avait fait savoir que « la responsabilité politique, la lutte contre le terrorisme, n’est pas antinomique de la responsabilité budgétaire dont j’ai aujourd’hui la charge », précisant que « le sérieux budgétaire continuera à s’appliquer et les objectifs de réduction des déficits que nous avons fixés pour l’année prochaine restent les mêmes ». Exit le distinguo de François Hollande entre « pacte de sécurité » et « pacte de stabilité » qui n’est plus d’actualité…

Pierre après pierre, ils bâtissent des murs d’exclusion et d’enfermement, les inconscients.