Billet invité.
Matteo Renzi, le président du conseil italien, remettra-t-il en cadeau à François Hollande, à l’occasion de leur rencontre parisienne de demain, un exemplaire de la Constitution de son pays ? Celui-ci pourrait y lire que « l’Italie répudie la guerre » et ce serait un manquement à la courtoisie. Un sujet de conversation pourrait par contre s’imposer, le président français ayant été son incontestable source d’inspiration dans un autre domaine, comme il l’a implicitement reconnu en présentant à Rome un plan d’investissement dans la culture et la sécurité.
Doté de deux milliards d’euros, ce plan est financé par un décalage d’un an d’une diminution de l’impôt sur les bénéfices des sociétés, respect du déficit budgétaire oblige. Mais Matteo Renzi n’a pu résister à l’envie de déclarer à cette occasion que le « pacte d’humanité » était plus important que le pacte de stabilité. Ce dernier est décidément bien malmené, François Hollande ayant déjà fait passer devant lui le « pacte de sécurité ».
Mais cela ne s’arrête pas là. Les mauvais esprits qui ne manquent pas auront pu noter que Wolfgang Schäuble – que l’on ne présente plus – a devant la représentation nationale allemande accordé à l’accueil et l’intégration des réfugiés « la priorité numéro 1 », la question d’un déficit reléguée en « numéro deux ». Certes, ce déclassement ne concernait que son pays, mais qui peut garantir qu’Angela Merkel et François Hollande n’en diront pas un mot entre quatre yeux aujourd’hui à Paris ?
Emmanuel Macron et Sigmar Gabriel, les ministres de l’économie Français et Allemand, se sont engagés par un chemin de traverse dans cette même voie. Ensemble, ils ont aujourd’hui proposé la création d’un fonds franco-allemand, destiné à s’ouvrir et doté au départ de 10 milliards d’euros sur trois ans. Il agirait dans trois domaines : le contrôle des frontières extérieures, la sécurité et la gestion de l’arrivée des réfugiés. Leurs deux pays s’engagent sur « des chemins divergents » remarquent-ils, l’un face à la menace d’attentats et l’autre à l’arrivée d’un million de réfugiés, et ils craignent que « des réponses strictement nationales pourraient fragiliser les réussites les plus précieuses de l’Union européenne, notamment la liberté de circulation des personnes, des biens, et des services ». C’est ce qui s’appelle l’art de la synthèse !
Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé est purement fortuite.