LA GAUCHE PORTUGAISE AU GOUVERNEMENT, par François Leclerc

Billet invité.

La commission politique du Bloc de gauche a ce matin considéré que « les conditions étaient réunies pour un accord à gauche afin de protéger l’emploi, les salaires et les pensions », tandis que le parti communiste envoyait dans l’après-midi un document au parti socialiste intitulé « Position commune du PS et du PCP sur la solution politique ». Les conditions préalables à la constitution d’un gouvernement de gauche sont désormais réunies – qui seront confirmées par des réunions des instances politiques des partis ce week-end – et il appartiendra au président de la République d’en confier le soin à Antonio Costa, une fois chuté le gouvernement PSD/CDS qui vient d’être constitué, son programme rejeté à l’Assemblée.

Il est difficile de transmettre ce que cet événement représente au Portugal. Les communistes, les socialistes et l’extrême-gauche étaient à couteaux tirés depuis la chute de la dictature à l’initiative du Mouvement des forces armées, en avril 1974. Une telle alliance était proprement inconcevable et il a fallu aux uns et aux autres considérer que l’occasion de revenir sur les mesures d’austérité qui ont plongé le Portugal dans une profonde crise sociale ne pouvait pas être ignorée.

Les discussions entre les trois partis ont été rendues ardues non seulement en raison des méfiances réciproques et des contentieux accumulés, mais aussi parce qu’il fallait s’engager dans une alliance destinée à durer les quatre années de la législature. La stabilité devait être garantie au gouvernement socialiste afin de retirer tout argument au président de la République qui pourrait encore chercher a tergiverser.

Les marges de manœuvre vont être étroites en raison des contraintes du pacte budgétaire que le PS propose de « lire intelligemment », ses partenaires ayant fait campagne pour sa dénonciation. Le PSD et le CDS ont pour leur part annoncé une opposition frontale au nouveau gouvernement, augurant de tensions politiques permanentes. Mais tous ceux qui ont été atteints de plein fouet par la dégradation de leurs revenus vont pouvoir souffler.