Billet invité.
Dès son arrivée au pouvoir en 2010, David Cameron avait triplé les droits universitaires, qui sont alors passés de 3.000 à 9.000 livres. L’étape suivante, qu’il s’apprête à franchir, consistera à supprimer les bourses devenues selon lui trop onéreuses pour les remplacer par des prêts. Sur le modèle américain, les étudiants dont les parents ne peuvent payer leurs études seront conduits à s’endetter lourdement. Devant les manifestants qui réclamaient aujourd’hui la gratuité des études et l’annulation du projet de prêt étudiant dans les rues de Londres, John McDonnell du parti travailliste venu les soutenir a proclamé que « l’éducation est un don d’une génération à une autre, non pas une marchandise qu’on achète et qu’on vend ».
Derrière le projet gouvernemental se trouvent deux enjeux. Le premier est financier. Aux États-Unis, l’en-cours des prêts étudiants était de 1.160 milliards de dollars fin 2014, supérieur celui des prêts automobile. Supprimer les bourses pour que les étudiants moins fortunés soient dans l’obligation d’emprunter pour payer leurs études, c’est créer de toute pièces un marché pour les établissements financiers. Le deuxième est de procéder à une sélection par l’argent entre les étudiants, les plus fortunés pouvant se payer les établissements les plus cotés, les autres se contenter d’un second choix, ayant à financer leurs études.
Sur les banderoles des étudiants londoniens, on pouvait lire : « l’ignorance coûte plus cher que l’éducation » et « le désespoir est la nouvelle norme ».