LA DÉMISSION EUROPÉENNE, par François Leclerc

Billet invité.

L’exode sur la Route des Balkans est un véritable calvaire qu’Alexis Tsipras a aujourd’hui qualifié de « honte pour l’Europe » devant le Parlement grec. Les gouvernements prétendent réserver un traitement « digne » aux réfugiés exténués pour dans la pratique les traiter comme un véritable troupeau. Et la cadence des naufrages en Mer Égée ne cesse d’augmenter.

Plutôt que de dégager ensemble des moyens logistiques permettant la création d’un couloir humanitaire au départ de la Turquie, ces mêmes gouvernements s’en remettent à ceux qui sont en première ligne. Ceux-ci se révèlent incapables de coopérer et n’ont d’autre souci que de tenter de réguler le flux des réfugiés à leurs frontières pour les évacuer au plus vite. Et le transit des réfugiés ne s’est que marginalement amélioré suite au sommet des pays de la Route des Balkans convoqué par Jean-Claude Juncker. Pour l’occasion, il avait empiété sur les prérogatives de Donald Tusk, le président du Conseil européen, qui reste les bras croisés.

François Hollande lui s’en lave les mains. Aux côtés du président autrichien Werner Faymann qu’il recevait, il a déclaré qu’il « ne faut pas ériger des murs ou des barrières à l’intérieur de l’Europe, mais tout simplement assurer la frontière extérieure », en se gardant de préciser comment. Le « tout simplement » n’est pas sans sel ! Alexis Tsipras ne manque jamais à ce sujet de rappeler que les conventions internationales prohibent tout refoulement des arrivants en mer. Il a ainsi fait pièce au ministre hongrois des affaires étrangères, Peter Szijjarto, qui préconise la mise en place de forces européennes aux frontières, et en particulier le long de la frontière maritime de la Grèce.

La clé serait de ce point de vue en Turquie, comme Jean-Claude Juncker l’a défendu. Affirmant comprendre « les doutes et les hésitations de ceux qui disent : on ne peut pas conclure un accord avec Erdoğan » pour répliquer «  mais avec qui d’autre en Turquie ? » et pour conclure « il faudra que nous payons le prix aux Turcs ». Sans le dire, il est demandé au gouvernement turc de fermer sa frontière maritime avec la Grèce aux réfugiés, comme il l’a fait de sa frontière terrestre, obligeant ceux-ci à risquer leur vie en traversant la Mer Égée.