Billet invité;
Les socialistes connaissent une véritable déroute au Portugal, où la coalition de droite PSD-CDS au pouvoir depuis quatre ans arrive largement en tête en nombre de voix (38,6% contre 32,4%, résultats partiels). En nombre de députés, la gauche est néanmoins majoritaire, si l’on additionne les sièges socialistes, communistes et du Bloco (le bloc de gauche). Seconde surprise de ces élections législatives, le score historique de ce dernier (plus de 10%) qui dépasse celui du parti communiste.
Le rejet des socialistes aura été plus fort que tout. Qu’ils ont initié les mesures de rigueur et d’austérité sous le gouvernement Socrates, n’a pas été oublié, rendant illusoire l’appel à la « confiance » de leur candidat, Antonio Costa, qui était parti en tête des sondages, bénéficiant de sa réputation de bon maire de Lisbonne. La victoire de la coalition de droite emmenée par Pedro Passos Coelho est loin d’être de la même ampleur que la précédente, en 2011, où celle-ci avait remporté 50,4% des suffrages. Celui-ci va former un nouveau gouvernement et devoir composer avec une majorité de gauche au Parlement.
Pedro Passos Coelho va rechercher « des accords indispensables à la mise en œuvre de réformes importantes », selon ses propres termes, et Antonio Costa s’est exprimé en utilisant une formule alambiquée : « le PS ne contribuera pas à une majorité de blocage si elle n’est pas en mesure de proposer une alternative crédible de gouvernement ». Les jours précédents, l’hypothèse d’un gouvernement socialiste allant négocier ses majorités parlementaires au coup par coup avec les communistes et le Bloco agitait beaucoup les esprits, mais cette formule est maintenant peu probable. Pour compliquer une situation qui s’annonce confuse, le président de la République en fin de mandat n’a plus le droit de dissoudre l’Assemblée et de convoquer de nouvelles élections, en vertu de la Constitution.
La crise politique européenne trouve une nouvelle expression.