"ÇA S'APPELLE LA RESPONSABILITE, ÇA S'APPELLE LA SOLIDARITE…" par François Leclerc

Billet invité.

Une immense victoire a été aujourd’hui remportée ! les États membres de l’Union européenne ont à la majorité décidé d’accueillir 120.000 réfugiés syriens, irakiens et érythréens, en plus des 40.000 déjà décidés, faute de parvenir à l’unanimité recherchée. Une première répartition de 66.000 d’entre eux a été décidée. Les autres nationalités, comme les Afghans, auront donc vocation à être dans l’immédiat refoulés, l’élargissement de la liste à d’autres pays étant juste évoquée pour l’avenir.

Les réunions se sont enchaînées, mais tous les efforts de ces derniers jours pour convaincre une poignée d’États membres récalcitrants auront été vains, y compris en jouant sur le vocabulaire et en abandonnant le terme de quota pour évoquer en termes généraux une « relocalisation ». Mais, léger détail, les réfugiés sont déjà quatre fois plus nombreux a être entrés en Europe depuis janvier dernier, selon le HCR… La Hongrie, à elle seule, a vu transiter 225.000 réfugiés durant cette même période.

Demain, les chefs d’État et de gouvernement vont pouvoir se féliciter de cette décision exemplaire et mettre au point un dispositif complémentaire, afin d’essayer de fixer les réfugiés aux portes de l’Europe et de stopper leur exode. Tel est désormais le grand objectif humanitaire ! La Turquie est en première ligne, où ils sont dans leur très grande majorité livrés à eux-mêmes, si l’on fait exception de deux centaines de milliers de réfugiés parqués dans des camps sur le modèle des villages Potemkine. Ou bien en Jordanie et au Liban – pays qui ont dans ce domaine acquis un grand savoir-faire – où le HCR racle les fonds de tiroir pour les nourrir. Au total, quatre millions de réfugiés ont trouvé refuge dans la région, fuyant la guerre dans leur pays.

Demain, les plus hautes autorités mettront sans doute la main au carnet de chèque, et les promesses de dons suivies ou non d’effet vont pleuvoir, dans le but d’aboutir à ce piteux résultat. Bruxelles pourrait par ailleurs considérer les dépenses occasionnées par l’accueil des réfugiés comme une « circonstance exceptionnelle », ouvrant la voie à des dépassement des déficits publics. Mais les autorités turques auront peut-être d’autres demandes à satisfaire, après avoir si longtemps attendu sans succès d’entrer dans le club européen. Et les réfugiés, bloqués derrière des barbelés, pourront toujours chercher à se faufiler en Europe aux bons soins tarifés des passeurs qu’ils payeront de leur poche, espérant y trouver la paix et recommencer leur vie.

Grâce aux efforts hongrois qui arrangent tout ce petit monde, la route des Balkans finira bientôt par être coupée, le gouvernement croate débordé ayant à nouveau fermé ses frontières et une nouvelle clôture entre les deux pays étant en cours de construction.

François Hollande n’a pas résisté à proclamer :  » On va montrer qu’on est capable de faire cet accueil et en même temps d’avoir des règles qui puissent être respectées, ça s’appelle la responsabilité, ça s’appelle la solidarité ». L’OCDE considère de son côté que, « à court terme, les perspectives sont minces de voir la situation de stabiliser significativement dans les principaux pays d’origine », ce qui présage de la poursuite de l’exode par tous les moyens et les itinéraires. Mais, pour terminer sur une note optimiste, l’organisation assure que l’Europe « a les moyens et l’expérience pour répondre à cette crise ». Cela en prend tout à fait le chemin.