Billet invité.
Quel est le meilleur cheval possible de Syriza ou de Nouvelle Démocratie s’interrogent les créanciers de la Grèce, quand ils ne sont pas happés par d’autres urgences, à la lecture des sondages qui donnent les deux formations coude à coude lors des élections législatives du 20 septembre prochain ? Les Grecs se posent la même question, déçus par le résultat du pari impossible dont Syriza a été le porteur, mais c’est eux qui vont choisir.
Le résultat dépendra des nombreux indécis qui se recrutent surtout parmi les anciens supporteurs de Syriza. Mais, quoi qu’il en soit, il ne donnera pas à un seul parti une majorité au Parlement. La différence entre les deux challengers est que Nouvelle Démocratie appelle à un gouvernement de grande coalition, pour cette même raison, et que Syriza s’y refuse et ne concède d’autre alliance potentielle qu’avec le Pasok et To Potami. Certains préféreraient d’ailleurs que Syriza rejoigne l’opposition, au vu ce qui se présente. Les deux grandes formations ont toutefois en commun d’affirmer vouloir « améliorer » les termes de l’accord qui a présidé à la conclusion d’un nouveau plan de sauvetage et destiné comme les deux précédents à échouer. Là où un plan de relance était nécessaire, les créanciers n’ont qu’adouci un peu les angles de leurs mesures d’ajustement, tiraillés entre eux entre deux politiques, ce qui à l’arrivée n’en fait pas une.
Alexis Tsipras se présente comme le mieux à même de réformer la société grecque, notamment en soutenant l’économie solidaire et en luttant contre la fraude électorale, les cartels et l’oligarchie, mais son programme reste très général. Il fait valoir qu’il a réussi à ouvrir la porte de négociations à venir sur la dette, sans pouvoir se prévaloir de résultats qui s’annoncent éluder l’essentiel.
Il ne peut plus être attendu de la Grèce qu’elle représente une alternative tangible à la politique défendue par les plus hautes autorités européennes. Les consultations électorales portugaise et espagnole, qui se dérouleront respectivement le 4 octobre prochain et au plus tard le 20 décembre, ne vont pas créer un même scénario, n’accordant pas à un seul parti un rôle dominant, loin d’une majorité parlementaire de gouvernement. En Espagne, la géographie politique sera particulièrement perturbée avec l’émergence de Podemos et de ses alliés, et de son répondant de droite Cuidadanos, rendant indécise la constitution d’un gouvernement. Les élections en Catalogne qui vont précéder les législatives nationales pouvant de surcroit donner la majorité aux indépendantistes.
Pays par pays, l’instabilité politique se généralise en Europe. Cela correspond à l’absence de perspectives et d’alternative. Podemos est sans doute l’exemple le plus accompli d’un mouvement qui, créé sur la base du mouvement massif de refus des Indignés, revendique le pouvoir. Mais, s’il a remporté de grandes mairies en alliance avec des mouvements locaux, à l’échelle nationale c’est une autre affaire.
La crise sociale et politique s’installe, elle est chronique, de même nature que celle du système financier et de l’économie. Elle est aussi structurelle, les réformes du même nom qui sont préconisées pour en sortir et qui n’ont aucune chance d’y parvenir et toutes de l’empêcher.
Nous n’en sommes qu’au premier épisode.