Billet invité.
La marche du monde suscite bien des inquiétudes chez nos ministres des finances et banquiers centraux du G20, qu’ils affectent de dissimuler en tenant des propos rassurants au sortir de leur réunion d’Ankara. Sans leur donner une politique commune que l’on cherche vainement.
Comment digérer à la fois un atterrissage chinois, qui pourrait se révéler brutal, et un relèvement des taux de la Fed qui drainerait les capitaux des pays émergents, accentuant encore leurs difficultés entre autres conséquences ? Comment freiner les dévaluations compétitives de ceux qui tentent de limiter les dégâts ? Les questions du moment sont posées, les réponses ne sont pas apportées. Les uns nient l’existence de la « guerre des monnaies », les autres s’abritent derrière la sur-interprétation des marchés devant la crise chinoise, mais tous sont circonspects en attendant une décision de la Fed qui ne vient pas, car la réaction des marchés est redoutée.
Se toisant, ils évitent de publiquement se chercher des poux dans la tête. Ne pouvant insister sur la nécessité de mieux coordonner leurs actions – chacun en faisant à sa tête pour sauver la sienne – les participants au G20 s’en tiennent à la nécessité de « calibrer et communiquer soigneusement leurs actions, en particulier dans le contexte de décisions majeures de politique monétaire ». Cela semblerait s’imposer, en effet, dans un contexte où les banques centrales chinoise, japonaise et européenne inondent le marché de liquidités, et où la Fed cherche à accroitre le coût du crédit dans un mouvement inverse …
La croissance mondiale ne satisfait pas [leurs] attentes, reconnaissent-ils, tout en faisant preuve d’une grande retenue en annonçant : « nous avons promis d’engager des actions décisives pour que la reprise économique reste en bonne voie », sans identifier des mesures et un calendrier. La promesse de l’année dernière d’accroitre de deux points le PIB des 20 dans les cinq ans à venir est oubliée.
Au nom du FMI, Christine Lagarde trouble l’ambiance en affirmant que « la croissance est trop basse, les échanges commerciaux trop faibles, l’investissement insuffisant et seul le chômage est trop élevé ». Mais ce constat ne donne toujours ni diagnostic ni remède. Panne de croissance, panne d’idées ! Le monde ne marche plus comme il faut… Il y a de la résignation dans l’air.