WOLFGANG SCHÄUBLE N'A PAS TOTALEMENT TORT ! par François Leclerc

Billet invité.

« Nous allons maintenant voir s’il y a une voie pour un nouveau programme, étant donné l’invraisemblable augmentation des besoins de financement ». C’est dans cet esprit dubitatif que Wolfgang Schäuble aborde les prochaines négociations sur le 3ème plan de sauvetage grec dans le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung.

D’évidence, il se prépare à multiplier les exigences pour faire une démonstration par l’absurde : soit les négociations n’aboutiront pas, soit les conditionnalités seront telles que le scepticisme qui d’ores et déjà prévaut enflera, décrédibilisant le plan. De fait, le ministre des finances allemand annonce qu’il ne fonctionnera pas, ce qui l’a conduit à œuvrer par avance et avec constance à une sortie de la Grèce de l’euro. On ne peut pas lui retirer le mérite de la logique.

Sa conviction l’a également conduit à rejeter tout réaménagement de la dette grecque, en se fondant sur une interprétation de l’article 125-1 du Traité de l’Union européenne de 2009 (Traité de Lisbonne). Les dispositions auxquelles il se réfère sont valables pour les pays membres de l’Union européenne et pas de la seule zone euro, ce qui signifie que, si son interprétation est la bonne, la Grèce ne devrait pas seulement quitter la zone euro mais aussi l’Union européenne. Par ailleurs, le ministre semble oublier que le gouvernement allemand avait accepté une remise de peine sur la dette en 2012. La Cour européenne de justice a aussi statué que les restructurations de dette étaient légales à condition d’être soumises à des conditionnalités augurant d’un retour à la bonne santé financière.

C’est là où Wolfgang Schäuble retombe sur ses pieds, lorsqu’il présume que les conditionnalités du plan à venir seront soient trop limitées, soit rejetées… et que le plan ne permettra donc pas de retrouver cette bonne santé. Seules des raisons politiques impérieuses ont permis de boucler le sommet européen et d’ouvrir la porte à un nouveau plan. François Hollande a néanmoins rajouté que le maintien de la Grèce était le seul moyen pour la France de récupérer ses créances. Mais si la condition était nécessaire, elle n’est pas suffisante…