DE CHARYBDE EN SCYLLA, par François Leclerc

Billet invité.

Le parlement grec vote ce soir sur un accord dont tout le monde sait qu’il ne sera pas respecté, auquel Alexis Tsipras a ouvertement déclaré qu’il n’y croyait pas, que le FMI rejette implicitement et dont le gouvernement allemand ne veut pas. C’est ainsi que peut être au mieux résumée la situation.

Le financement à court terme destiné à permettre au gouvernement grec de ne pas faire défaut vis-à-vis de la BCE et de payer ses arriérés au FMI, en attendant un accord sur le 3ème plan de sauvetage, n’est toujours pas bouclé et l’échéance du 20 juillet approche. Personne ne veut mettre d’argent frais sur la table, ce qui en dit long de la confiance que les créanciers portent à leur propre plan. Un bricolage faisant appel au Fonds européen de stabilité financière (FESF) est en cours, ne couvrant que 7 des 12 milliards nécessaires, mais il bute sur la nécessité de fournir des garanties aux pays non membres de la zone euro, au premier rang desquels le Royaume-Uni. Le gouvernement allemand traîne aussi des pieds, suspect de toutes les mauvaises intentions. Il serait question d’un montage passablement audacieux, les sommes dues par la BCE à la Grèce au titre des intérêts des titres qu’elle détient pouvant servir à cet usage… Pour le solde, on verrait plus tard.

Rien n’a comme prévisible filtré des premières rencontres de Jack Lew, le secrétaire au Trésor américain, avec Mario Draghi et Wolfgang Schäuble. La question reste pendante : à quelles conditions le FMI pourrait-il participer au 3ème plan de sauvetage ? Emporté par ses élans lyriques, le premier ministre français affirme aux parlementaires que les créanciers de la Grèce vont reprofiler sa dette (modifier son échéancier de remboursement et ses taux), disposition qui ne figure en rien dans le texte de l’accord. L’Eurogroupe y réfléchirait selon lui, ce qui a échappé aux journalistes couvrant ses réunions.

Ils ne sont pas sortis de l’auberge.