MISE SOUS TUTELLE OU SORTIE, par François Leclerc

Billet invité.

Un accord à l’arraché entre les créanciers est désormais en vue, mais à des conditions telles que l’assentiment du gouvernement grec ne peut être acquis. Le gouvernement allemand aura pesé de tout son poids pour y parvenir.

Le document issu des travaux de l’Eurogroupe, dont des points restent à trancher, représente une mise sous tutelle de la Grèce et réclame de véritables abandons de souveraineté. Selon ce texte, le Parlement devrait en préalable à toute négociation sur un accord global adopter avant le 15 juillet une série de mesures, dont celles sur la TVA et les retraites.

Non content d’avoir mis à genoux le pays, les créanciers tirent argument de la détérioration de la situation qu’ils ont eux-mêmes provoquée en organisant son asphyxie financière pour exiger encore plus d’efforts. « Les propositions de réformes grecques doivent être considérablement renforcées pour tenir compte de la forte détérioration économique et budgétaire du pays », préconise le document adopté. Pascal Lamy, l’ancien directeur général de l’OMC, reconnaissait ce matin que « C’est comme un pays qui aurait connu la guerre », qu’en sera-t-il quand ces mesures auront été appliquées ? Joseph Stiglitz dénonçait de son côté l’hypocrisie de « dirigeants européens et occidentaux (qui) critiquent la Grèce pour son incapacité à collecter l’impôt. Dans le même temps, les Occidentaux ont créé un système d’évasion fiscale mondial… »

Les mesures proposées à l’accord des dirigeants européens témoignent d’une grande indécence et sont à l’habitude irréalistes d’un point de vue économique, mais la raison du plus fort doit l’emporter, c’est là leur seule rationalité. Des coupes budgétaires « quasi-automatiques » sont mêmes prévues au cas où les objectifs d’excédent ne seraient pas atteints.

Il pourrait seulement être proposé aux dirigeants grecs une porte de sortie inspirée de la proposition de Wolfgang Schäuble, au terme de laquelle ils pourraient « négocier rapidement une sortie temporaire de la zone euro avec la possibilité de restructurer la dette ». Autant dire de mettre sa tête sur un autre billot. Dans le cas d’un accord sur un 3ème plan, qui serait d’un montant compris entre 82 et 86 milliards d’euros. Si le sommet se met d’accord à ce sujet, un rééchelonnement de la dette (et non pas une décote) pourrait être envisagé. Une mauvaise plaisanterie.

Alexis Tsipras a de nouveau eu un échange téléphonique avec Jack Lew, le secrétaire d’État au Trésor américain.

A suivre.