FIN A L'ARRACHÉ DU DERNIER ACTE, par François Leclerc

Billet invité.

Le sommet européen d’aujourd’hui dans sa configuration plénière est annulé, il est maintenu pour la zone euro, à 16 heures (Paris). « Il durera jusqu’à ce que nous concluions les négociations sur la Grèce », a déclaré Donald Tusk, le président de l’Union européenne. L’affrontement se poursuit.

Un seul mot-prétexte résume à l’intention des médias – à charge pour eux de le répercuter – l’échec d’hier de ce qui semblait bien parti : confiance. Emmenés par le ministre allemand des finances, ceux que l’on appelle désormais les « faucons » ont mené la danse en proclamant leur défiance, ne croyant pas que le gouvernement grec accomplira les réformes auxquelles il s’est engagé.

La conclusion implicite qu’ils en tirent s’impose : il faut faire tomber ce gouvernement. Mais comme il n’y a pas d’alternative à Athènes, il ne reste plus qu’à supprimer le problème en précipitant la Grèce hors de la zone euro. Tel est le sens incontestable des évènements de la journée d’hier, devant lesquels les tentatives françaises d’aboutir à un compromis sont restées vaines. Cette opposition franco-allemande explicite ne sera pas sans lendemain.

L’intransigeance de Wolfgang Schäuble exprime son choix partagé avec ses compères de poursuivre coûte que coûte cette stratégie en resserrant les rangs. De son point de vue, les indécis n’auront que le choix de le suivre ou de subir le même sort que les Grecs rebelles.

Soucieux de bonne communication, ces dirigeants politiques ne peuvent jamais déclarer leurs véritables intentions et choisissent leurs mots à leur avantage. Des sources gouvernementales grecques non identifiées ont réagi : « il est évident que certains pays, pour des raisons qui n’ont rien à voir avec les réformes et le programme, ne veulent pas d’un accord ». Elles parlent d’évidence. Il ne s’agit plus d’une opposition entre pays, mais entre des politiques, en affirmation d’une idéologie réactionnaire. Ni le résultat d’une construction imparfaite de la zone euro, comme le confirment les nouvelles propositions budgétaires du gouvernement Cameron au Royaume-Uni.

« De nouvelles décisions difficiles sont nécessaires », a déclaré le chancelier de l’Échiquier George Osborne, utilisant la formule hypocrite consacrée. « Si un pays ne prend pas le contrôle de sa dette, c’est la dette qui prend le contrôle du pays », a-t-il résumé pour le justifier. Le montant des allocations sociales – est jugé « insoutenable » et le gouvernement va à nouveau tailler dedans. « Ce sera un budget pour les gens qui travaillent » a martelé George Osborne, annonçant une augmentation du salaire minimum tout en diminuant les crédits-impôt liés à l’activité professionnelle, laissant les assistés à leur triste sort et diminuant l’impôt sur les sociétés ainsi que la taxe bancaire. Les contours de l’Europe de demain que défendent ceux qui veulent en exclure la Grèce ne peuvent être plus clairement dessinés : l’État-providence porte la responsabilité d’une dette que la stratégie de désendettement imposée ne parvient pas à résorber.