CINQ JOURS QUI VONT ÉBRANLER L'EUROPE, par François Leclerc

Billet invité.

Dans les coulisses, les gouvernements français et italien sont finalement entrés en résistance, mais la chancelière allemande a haussé la barre d’un éventuel compromis. Dans l’attente d’une proposition grecque d’ici jeudi, elle a mis les choses au point : « je dois voir comment le gouvernement est prêt et a la volonté de combler le trou [budgétaire]», en référence à la détérioration de la situation depuis la fermeture des banques qui résulte des mesures d’asphyxie financière. En substance, elle demande des mesures s’ajoutant à celles qui ont été rejetées par le référendum.

Sa logique reste la même : il est hors de question d’envisager une décote de la dette, les moyens de la rembourser doivent être dégagés à tout prix. Qu’importe le réalisme économique de cette politique tant qu’il lui permet de régner en Allemagne. La Grèce doit porter toute la responsabilité de la sortie de la zone euro, et la cavalerie financière dont les Grecs font les frais doit être masquée. C’est le principal enjeu, et pour la suite on avisera plus tard. C’est une politique à courte vue, la seule que les dirigeants européens sont désormais capables d’adopter.

François Hollande a tenté de mettre en avant un « reprofilage » de la dette – une combinaison de rééchelonnage, de baisse des taux et de période de grâce – sans admettre la nécessité d’une totale mise à plat. Mais il n’a pas mis en cause le cadre dans lequel la chancelière enferme les discussions. Celle-ci n’a mis son veto qu’à une décote de la dette et a fait référence aux engagements de novembre 2012 de la réaménager, mais cela ne résout rien, étant donné ce qui a déjà été réalisé.

Comme Angela Merkel, François Hollande a mis l’accent sur la nécessité d’un programme sur deux ans, « La France ne ménagera pas sa peine pour trouver un accord », a-t-il déclaré, sans se prononcer sur son contenu. Il est attendu un miracle du gouvernement grec.

Jean-Claude Juncker, reprenant la suggestion du président du parlement européen, Martin Schulz, a fait savoir qu’une aide humanitaire était préparée par la Commission, la Croix-Rouge allemande en faisant autant. Peut-être pourront-ils penser également aux émigrés qui affluent en Grèce, pour faire d’une pierre deux coups.