UN NON A L’AUSTÉRITÉ SANS ÉQUIVOQUE, par François Leclerc

Billlet invité.

Une forte majorité de plus de 60% se dégage, les Grecs ont dit non à l’austérité, en dépit de l’énorme pression qui pesait sur eux, du chantage à la peur et de la campagne menée par les télévisions grecques pour le « oui ». Durant toute la semaine, Syriza avait fait campagne contre le projet d’accord des créanciers présenté au vote sous la double bannière de la défense de la démocratie et du respect de la dignité des Grecs, tandis que ses adversaires tentaient de déplacer la consultation sur le terrain du départ ou du maintient dans la zone euro.

Angela Merkel et François Hollande vont demain lundi se retrouver à Paris afin « d’évaluer les conséquences du référendum en Grèce ». Leur rencontre « s’inscrit dans le cadre de la coopération permanente entre la France et l’Allemagne pour contribuer à une solution durable en Grèce », indique le communiqué de l’Elysée, qui lui imprime ainsi une orientation. Le gouvernement grec a de son côté déclaré qu’il intensifiait dès ce soir ses efforts afin de trouver un accord. Les directeurs du Trésor de la zone euro se réuniront lundi. La Banque de Grèce redemanderait à la BCE de lever le plafond des liquidités d’urgence pour les banques grecques.

Les plus hautes autorités européennes sont sur le pied de guerre, mais cela pourrait être avec l’intention de trouver un moyen de faire la paix. Sentant le vent tourner, Wolfgang Schäuble a déjà parlé de sortie « temporaire de l’euro ». Après avoir laissé son ministre à la manoeuvre, la chancelière va devoir trancher, avec comme perspective, si elle refuse une relance des négociations, d’assumer une crise humanitaire au sein de la zone euro. Euclid Tsakalotos, le coordinateur grec des négociations avec les créanciers, a annoncé que le gouvernement grec n’envisageait pas de créer une monnaie parallèle, mais celui-ci ne pourra pas tenir longtemps, la glissade finale sera alors entamée. Paolo Gentiloni, le ministre italien des affaires étrangères a déjà lancé sur son compte twitter : les Européens « doivent recommencer à chercher un accord ».

A Athènes, la place Syntagma se remplit de monde ce soir, comme l’avait annoncé ce matin Alexis Tsipras en allant voter « aujourd’hui est jour de fête ! ». Depuis Madrid, Pablo Iglesias salue au nom de Podemos « la victoire de la démocratie ».