Billet invité.
Une étude des intentions de vote au référendum de demain donne des résultats impressionnants : le « non » est largement majoritaire chez les électeurs grecs de moins de 55 ans, et écrasant chez les moins de 34 ans. Lors du meeting de la place Syntagma, dans un discours en défense de « l’Europe démocratique et solidaire », Alexis Tsipras a exhorté à « ne pas prêter attention aux sirènes de la peur », à ne pas y céder. Celle-ci l’emporte néanmoins chez les plus âgés et plus vulnérables.
Qu’est-ce qui anime Wolfgang Schäuble ? Le ministre allemand des Finances, encouragé par sa cote de popularité qui explose en Allemagne, croit pouvoir affirmer dans le quotidien populaire Bild que Athènes « ne veut aucun programme de réformes ». « C’est pourquoi j’étais dès le début très sceptique quant à un résultat des discussions avec le gouvernement d’Athènes », explique-t-il benoîtement, pour conclure : « que ce scepticisme soit finalement confirmé ne m’étonne pas vraiment ». Il laisse ses admirateurs en tirer les conclusions.
Donald Tusk, le président du Conseil européen, tient un tout autre langage dans le quotidien numérique Politico : « Il est très clair que le referendum ne porte pas (…) sur le maintien ou non dans l’eurozone » de la Grèce, et il faut éviter les « messages dramatiques » en cas de victoire du « non », a-t-il conseillé, car « notre objectif principal est de garder la zone euro unie ».
Il a aussi revendiqué comme autre objectif « de reconstruire la confiance avec la Grèce ». Cela ne sera pas une mince affaire, Yanis Varoufakis ayant ce matin dénoncé dans le quotidien espagnol El Mundo « le terrorisme » dont font preuve les créanciers de la Grèce, en le justifiant ainsi : « pourquoi est-ce qu’ils nous ont forcé à fermer les banques ? Pour insuffler la peur aux gens. Et quand il s’agit de répandre la peur, on appelle ce phénomène le terrorisme ».
Une victoire du « non » va-t-elle permettre d’obtenir un meilleur accord comme l’annonce Alexis Tsipras, ce que dément Jeroen Dijsselbloem qui fait campagne pour le « oui » ? La question va se trouver posée autrement, l’économie grecque étant en train de faire un grand plongeon. La suite dépend moins du résultat du référendum que de la décision des créanciers européens, et dès lundi de la BCE.
Les dirigeants européens vont-ils choisir de taire leurs divergences et d’assumer l’effondrement d’un pays de la zone euro dont ils rendront les Grecs responsables contre toute vraisemblance ? Leur propagande fera-t-elle foi ? La Grèce et sa dette vont-elles être passées par pertes et profits d’une politique en faillite ?