Billet invité.
Profondément divisés, les Grecs penchent alternativement selon les derniers sondages du côté du « oui » ou du « non » (pour le dernier, voir Bloomberg). Le référendum va se jouer à peu de votes près. Tous ceux qui, comme Jean-Claude Juncker, Martin Schulz et Jeroen Dijsselbloem multiplient les pressions sur l’électorat grec ne vont toutefois pas en récolter de quoi pavoiser, car la motivation des Grecs qui vont voter « oui » est que la Grèce reste dans l’euro, craignant le pire, et non pas que de nouvelles mesures d’austérité s’ajoutent aux précédentes. Parier sur leur résignation est osé.
En Grèce, la droite et les médias qu’elle contrôle pèsent de tout leur poids, la limitation des retraits bancaires créant un climat anxiogène favorable au « oui ». C’est le parti de la peur dans sa version grecque qui est à l’oeuvre, ainsi que l’aboutissement de la stratégie d’asphyxie financière mise en place par les créanciers européens. Ceux-ci, en faisant du référendum une consultation sur l’appartenance de la Grèce à la zone euro, ont poursuivi leur oeuvre. On en vient à se demander pourquoi, au niveau d’interférence qui est le leur, ils n’ont pas eux-mêmes décidé de la question posée et annoncé le résultat.
Deux grands meetings auront lieu ce soir, l’un sur Syntagma avec Alexis Tsipras, l’autre dans le stade olympique de Kallimarmaro, symbole de la gabegie financière d’avant. Les résultats du référendum connus, il va falloir faire les comptes, qui ne vont pas pouvoir être faussés. Après s’être opposés à un gouvernement élu qui voulait appliquer son mandat – et qui n’avait rien à voir avec ses prédécesseurs – les créanciers européens de la Grèce ont exercé une pression maximale sur les électeurs. Dans les médias européens, ils ont développé une narration manipulatrice des évènements, instruisant à charge contre les Grecs.
Que le scrutin leur soit ou non favorable, ces édiles auront pris la responsabilité de ce qui s’en suivra. Ils signeront une Europe dont ils auront fait un repoussoir, portant un coup d’arrêt à un processus né à la fin de la seconde guerre mondiale. S’appuyant sur une opinion allemande chauffée à blanc par les médias, les dirigeants allemands consolideront leur leadership sur une Europe dont la déconstruction a commencé au nom de leur idéologie ordolibérale.
Où cela va-t-il mener ?