LA FIN DU MARATHON GREC, par François Leclerc

Billet invité.

Le marathon des réunions ayant tourné court hier à Bruxelles, permet-il de croire encore à un accord aujourd’hui ? La contre-proposition sur la base de laquelle les créanciers ont reconstruit leur unité derrière le FMI peut difficilement le laisser penser.

Peu importe finalement la crédibilité économique du plan s’il permet un accord, s’était dit l’équipe de Syriza en présentant son projet dans le cadre budgétaire exigé, à condition toutefois de ne pas franchir certaines limites : l’objectif est d’attendre la fin de l’orage pour poursuivre les négociations sur le terrain primordial de la dette. Mais les créanciers ont franchi les limites acceptables en choisissant d’appuyer où cela fait mal dans leur contre proposition, notamment en exigeant symboliquement que la TVA sur la nourriture soit portée à 23%, ainsi qu’en revenant sur le sujet très sensible des retraites.

Voyant une dernière porte se fermer, Alexis Tsipras avait dénoncé avec virulence hier matin la « responsabilité criminelle » de ceux qui n’acceptent pas « les mesures compensatoires » que le gouvernement grec avait proposées. De nouvelles concessions grecques auraient pu encore être possibles, à condition que des engagements clairs à propos de la dette soient pris en contrepartie car c’est là le fond du problème. Mais si des rumeurs ont circulé à Athènes d’un accord de la BCE à ce propos – à confirmer – celui-ci ne réglerait rien n’impliquant pas les autres créanciers.

Sous des prétextes variés et avec différents interlocuteurs, des rencontres ont eu lieu hier et aujourd’hui à Bruxelles avec les leaders de Nouvelle Démocratie, du Pasok et de To Potami (qui a eu les honneurs d’un rendez-vous avec Jean-Claude Juncker). De quoi largement accréditer de premiers préparatifs de la constitution d’un gouvernement d’union dont serait exclu Syriza. A moins qu’il ne s’agisse plus simplement d’un nouveau volet de la stratégie de pression sur son équipe. Selon ce schéma, il suffirait d’attendre que les retraits massifs des banques, un moment calmés par la perspective d’un accord, reprennent pour que le gouvernement actuel n’ait d’autre solution que de jeter l’éponge, à moins que la démission du Président de la République ne l’y contraigne. Mais quid du résultat des élections qui s’en suivraient ?

Se posant en défenseur du FMI, « qui ne saurait être critiqué », Wolfgang Schäuble pense pouvoir tirer ainsi les marrons du feu, éclairant sous un jour particulier ce qu’il est pratiquement entendu lorsque l’on parle de gouvernance européenne, le sujet du sommet qui va débuter cet après-midi.