Billet invité.
Contre toute attente vu les rapports de force, le gouvernement grec et l’équipe de Syriza vont-ils faire plier les plus hautes autorités européennes ? L’hypothèse reste en suspens.
Aux dernières nouvelles, Alexis Tsipras annonçait non sans provocation « attendre patiemment » la reprise des négociations sur la base de nouvelles propositions détaillées qui ont été rejetées faute de mandat adéquat, tandis que François Hollande perdait patience en demandant aux Grecs de les reprendre toutes affaires cessantes. Affectant de conserver son calme, le porte-parole du ministère des finances allemand, Martin Jäger, leur demandait de « répondre aux propositions généreuses » qui leur avaient été faites, faisant valoir que « la balle est dans le camp des Grecs », mais cela ne suffit pas de l’affirmer. Comme à chaque fois que les situations se tendent, Angela Merkel se tait. La guerre des nerfs a commencé, le porte-parole du gouvernement grec Gabriel Sakellaridis se refuse à parler d’impasse et chacun se renvoie la fameuse balle.
L’interrogation sur la suite de la séquence des évènements s’est déplacée. Il ne s’agit plus de savoir ce que chacun peut gagner, mais ce qu’il risque de perdre à un jeu qui se tend en s’approchant de son terme. Une sortie de la Grèce de l’euro restant exclue, quelles pourraient en effet être les conséquences d’un défaut sur sa dette qui se précise ? Ce ne serait pas nécessairement la catastrophe annoncée pour la Grèce, comme Wolfgang Münchau l’a exposé dans le Financial Times. Car cela laisserait pendant le remboursement de centaines de milliards d’euros à l’Allemagne et à la France, le gouvernement grec ayant intérêt à prioritairement normaliser ses rapports avec les investisseurs privés pour retrouver un accès au marché obligataire, et donc à faire attendre ses créditeurs publics avec comme seule ressource d’admettre la restructuration qu’ils refusent obstinément. La BCE se retrouverait à son corps défendant l’arbitre de la situation, disposant sans nécessairement l’utiliser de l’arme des liquidités d’urgence (ELA), dont l’arrêt signifierait l’effondrement du système bancaire grec et impliquerait d’instaurer un contrôle des changes, pour commencer. Un nouvel affrontement s’engagerait, aucun des deux camps n’ayant déposé les armes.
Au contraire des Grecs, les créanciers européens – qui ont brutalement utilisé le rapport de force au lieu de jouer au plus fin – ont plus à y perdre qu’à y gagner. Dans l’immédiat, la Commission s’efforce de mettre en avant la « flexibilité » dont elle a fait preuve afin de se dédouaner, ne faisant en rien avancer les choses… Car le porte-parole du gouvernement grec a redonné les bases d’un accord possible en faisant référence à la dernière proposition grecque qui couvre les besoins budgétaires 2015 et 2016 du pays.