HISTOIRES DE MARTEAUX ET ENCLUMES, par François Leclerc

Billet invité.

La nouvelle filtre déjà depuis le G7 en Allemagne, où le sujet de la Grèce s’est immanquablement invité à l’ordre du jour : une nouvelle extension du second plan de sauvetage serait dans les limbes afin que celui-ci se poursuive au-delà du 30 juin et que le dernier versement, toujours en suspens, ne tombe pas aux oubliettes. Angela Merkel l’a traduit hier avec un grand classique : « nous sommes tous d’avis qu’il y a encore beaucoup de travail devant nous ».

La date limite de ces négociations ne cesse d’être à rallonge : ce sont les échéances de l’été vis-à-vis de la BCE qui sont aujourd’hui présentées comme l’obstacle ne pouvant pas être franchi, car le FMI est toujours susceptible d’accorder un mois avant de déclarer un défaut sur son remboursement. En attendant, les négociations tournent en rond, les commentateurs confondant désirs et réalités en recherchant leurs clés dans les débats internes à Syriza et en s’y perdant.

Deux documents sont maintenant sur la table, chacune des parties ayant présenté le sien comme unique base de discussion. En insistant sur la nécessité d’une nouvelle proposition du gouvernement grec – qui serait d’ailleurs en cours d’élaboration – Jean-Claude Juncker a contribué à bousculer ce face à face sans issue. Alexis Tsipras rencontrera une nouvelle fois Angela Merkel et François Hollande mercredi prochain – qui suivent de près la situation – à l’occasion de la rencontre au sommet Union européenne/Amérique latine, et pourrait la leur présenter à cette occasion.

Peu probable que cela soit conclusif : rejetant le document des créanciers de la Grèce, présenté comme « à la limite de l’insulte », Yanis Varoufakis a déclaré : « nous avons besoin de réformes, de restructuration de la dette et d’investissement ». Tout en concluant : « si nous n’avons pas les trois ensemble, nous ne signerons pas ». L’obstination à vouloir découper en tranches une négociation globale par définition et à refuser d’aborder la gênante question de la dette est devenu le principal obstacle à toute avancée dans les discussions. Car le sujet est omniprésent, sous-tendant les objectifs assignés d’excédent budgétaire et la définition des mesures propres à les réaliser.

Les marges de négociation concédées par le camp des créanciers qui se cachent derrière des boîtes d’allumette sont très limitées : ils n’acceptent de discuter des mesures qu’à la condition d’un effet financier nul. Coincés par les termes de leur compromis avec le FMI, qui veut sinon que le principe d’une restructuration de la dette soit acté. Alexis Tsipras est présenté comme étant inconfortablement placé entre le marteau et l’enclume – ses créanciers et l’aile radicale de Syriza et ses créanciers – mais ces derniers sont-ils dans une autre situation ?