Grèce : À SE DEMANDER QUI DÉSORMAIS MÈNE LE JEU ! par François Leclerc

Billet invité.

Comment Alexis Tsipras pourrait-il finalement avaliser le plan proposé par les plus hautes autorités, qu’il a qualifié « d’absurde » devant le Parlement grec en appelant le retirer ? Comment le FMI, qui porte la responsabilité de ses dispositions les plus inacceptables, pourrait-il accepter de les assouplir après que Christine Lagarde a déclaré avoir fait preuve avec ses partenaires d’une « flexibilité considérable » ?

En repoussant à la fin du mois les remboursements du FMI, le gouvernement grec a donné du temps aux créanciers pour y réfléchir, tout accaparés qu’ils sont par la réunion du G7 en Allemagne du week-end. Car les positions en présence restent inconciliables, en dépit d’espoirs trop vite formulés qui en disent long sur l’incompréhension de la situation. Alexis Tsipras appelle à ce que la négociation prenne pour base la proposition grecque, tout en réaffirmant que la conclusion d’un accord « n’a jamais été aussi proche », façon de parler.

Les spéculations selon lesquelles il pourrait se résoudre à signer un accord sur les bases proposées afin que la Grèce reste dans la zone euro sont balayées. Selon les analyses depolitologues peu inspirés, il aurait pu s’appuyer sur une majorité incluant le parti centriste To Potami et les restes du Pasok, après avoir sacrifié l’aile qualifiée de « dure » de Syriza, une fois tenues de nouvelles élections. Que ne faut-il pas inventer afin d’éviter le choix déchirant qui sinon s’imposera : négocier un recul avec le FMI, ou bien se diriger vers une sortie de la Grèce de l’euro après avoir dit qu’il n’en était au grand jamais question ?

« Ce n’est pas seulement la Grèce, mais l’Europe qui n’a plus de temps devant soi » a mis au point Alexis Tsipras devant les parlementaires. Puis il a fait monter les enchères, en réclamant que l’accord comporte une clause sur la viabilité de la dette – se plaçant de ce point de vue sur le terrain du FMI – et en annonçant qu’il allait demander au Parlement d’adopter une loi sur le salaire minimum. On ne se demande plus qui mène le jeu !