LES DIVISIONS DES CRÉANCIERS FONT OBSTACLE, par François Leclerc

Billet invité.

Sous la pression du FMI, qui exige du gouvernement grec des mesures propres à dégager un excédent budgétaire hors de portée mais permettant le remboursement de la dette grecque – comme s’il voulait faire une démonstration par l’absurde – les créanciers de la Grèce ont fini par dégager une position commune et élaborer hier un plan. Le gouvernement grec en avait fait autant la veille de son côté, mais les mesures prévues par les deux plans, dont les détails ne sont pas connus, ne concordent pas. On croit seulement savoir que, côté créancier, il aurait été admis le principe d’une réaffectation des 10,9 milliards d’euros du fonds de recapitalisation des banques, avec de permettre au gouvernement grec de faire face aux échéances de juin et de juillet envers la BCE… Encore faut-il qu’il y parvienne !

Le FMI développe une logique dans laquelle ses partenaires ne peuvent s’inscrire : faute de nouvelles mesures drastiques, portant notamment sur les retraites et la TVA, les créanciers européens de la Grèce doivent accepter une inévitable restructuration de la dette grecque. Ne pouvant le reconnaître et voulant repousser à plus tard l’inévitable, Angela Merkel et François Hollande ont préféré reculer et durcir leur position afin de trouver un accord avec Christine Lagarde, prenant à contrepied les tentatives de compromis de Jean-Claude Juncker.

La séquence des évènements à venir est très indécise. Un rendez-vous a été initialement annoncé entre Alexis Tsipras et Jean-Claude Juncker ce soir à Bruxelles, mais d’autres participants se sont invités. Jeroen Dijsselbloem et des représentants de la BCE et du FMI y participeront, comme s’ils se surveillaient mutuellement ! La BCE tient sa réunion de politique monétaire et a hier relevé le plafond des aides d’urgence aux banques grecques. Une téléconférence des membres de l’Euro working group – l’organe technique de l’Eurogroupe – doit avoir lieu également aujourd’hui. Le 18 juin serait la nouvelle date butoir afin qu’une décision puisse être prise avant la fin de la prolongation du plan de sauvetage, afin que son dernier versement puisse intervenir. Trois échéances de remboursement du FMI pourraient quant à elles être regroupées à la fin du mois. La confusion actuelle peut encore durer plusieurs semaines…

Le plan des créanciers est-il à prendre ou à laisser, ou reste-t-il négociable ? Après s’être mis péniblement d’accord entre eux, ceux-ci font silence à ce propos, tout en se gardant de tout ultimatum, car cette question renvoie à leurs propres divisions. Il était illusoire de scinder les négociations, afin de repousser celles sur la dette, et si les Grecs n’ont pas réussi à imposer qu’elles soient regroupées, le FMI est venu mettre son grain de sel et l’imposer. Une seule déclaration éclaircit la position du gouvernement grec, et elle n’est pas encourageante pour les plus hautes autorités : « Si l’accord est mauvais pour le gouvernement, le peuple et le pays, il ne sera même pas soumis au parlement… il y aura des élections », a déclaré Dimitris Stratoulis, le secrétaire d’État aux Assurances sociales. C’est un avertissement sans frais.