Billet invité.
Le dénouement est probablement proche, sous la forme d’un accord qui reste à acter. Un dîner réunissant ce soir Angela Merkel, François Hollande et Jean-Claude Juncker devrait le décider, mais sans encore nécessairement le claironner. Cela donnera raison à Alexis Tsipras, qui n’a cessé de réclamer « un accord politique », connaissant son monde et sachant que le terrain du réalisme économique était parfaitement secondaire. Tentant une fois encore de renverser la situation et le rapport de force, dans l’attente de cette rencontre, il a appelé ses interlocuteurs dans une tribune publiée par Le Monde à cesser de faire preuve « d’irréalisme » et a dénoncé les « solutions déraisonnables » exigées par ses interlocuteurs – ce qui est beaucoup leur demander – mais il devrait finir par avoir gain de cause, à condition toutefois qu’un habillage soit trouvé afin de préserver les apparences, une fois des derniers ajustements trouvés par le Groupe de Bruxelles.
Afin d’arriver à ses fins, Alexis Tsipras avait jeudi dernier à Riga rencontré Angela Merkel et François Hollande, et la chancelière avait ensuite souligné que « la France et l’Allemagne ont offert leur aide à la Grèce et au Premier ministre grec, s’il y a des questions à discuter ». La voie était ouverte. Si cela se confirme, le gouvernement grec et l’équipe des négociateurs mériteront un grand coup de chapeau pour avoir fait preuve de tant d’opiniâtreté, et accessoirement pour avoir respecté le mandat des électeurs, ce qui n’est pas si fréquent ! Alexis Tsipras a d’ailleurs débuté son article dans Le Monde en leur rendant hommage, rappelant que « le 25 janvier 2015, le peuple grec a pris une décision courageuse. ».
Dans cette tribune à lire absolument , le premier ministre et leader de Syriza rétablit soigneusement les faits et explicite les conséquences des décisions restant à prendre, évacuant les grossiers rideaux de fumée de la machine de propagande des créanciers de la Grèce. Avec force, il analyse les raisons de l’intransigeance qui a été opposée à la Grèce et s’inscrit habilement dans le débat sur l’avenir de l’Europe qui s’ouvre, ne voulant pas s’en tenir à la seule explication qu’elle a pour but de masquer l’échec de la stratégie européenne en vigueur. Il revendique « l’approfondissement de l’intégration européenne dans un contexte d’égalité et de solidarité entre ses peuples et ses citoyens », qu’il oppose à l’avènement d’une Europe où la démocratie serait abolie, à l’image de ce qui a tenté d’être fait en Grèce, en application d’une stratégie qu’il qualifie de « rupture et finalement de la division ».
C’est cette leçon là qui devrait être retenue par ceux qui l’attendaient sans trop oser l’espérer, et non pas celle que les dirigeants européens étaient à tort certains de donner en organisant l’asphyxie financière de la Grèce. A force de persévérance, la résistance paie. Bravo !