Billet invité.
Les propos que se sont tenus Christine Lagarde et Mario Draghi au nom du FMI et de la BCE dans le cadre d’une réunion sur la Grèce présentée comme informelle – ne prenant pas de décision – ne sont pas connus. Tout au plus peut-on se référer à l’annonce de la rencontre par Gerry Rice, le porte-parole du FMI, qui a rejeté les accusations d’inflexibilité par rapport à la Grèce et a déclaré « nous travaillons intensivement avec nos partenaires afin de trouver un accord le plus vite possible » et « nous examinons toutes les options »… Ce qui peut s’interpréter dans tous les sens, laissant toutefois poindre l’idée que les deux partenaires les plus fiables et responsables de l’ancienne Troïka ont éprouvé le besoin de se concerter à part de dirigeants européens divisés et faisant obstacle à un compromis.
Le gouvernement grec ne lâche de son côté de nouvelles concessions que petit à petit, en relançant cette fois-ci la privatisation du port du Pirée et en affirmant que la hausse de la TVA dans les iles, qui bénéficie d’un régime privilégié, n’interviendra pas avant l’été, c’est-à-dire la saison touristique qui s’annonce. Ce ne serait pas encore suffisant, comparé aux exigences qui se maintiendraient de toucher aux retraites, à la TVA en général, et de tailler dans la législation du travail. Les négociations sont présentées comme se poursuivant par téléconférence sans désemparer et le gouvernement demanderait une réunion exceptionnelle de l’Eurogroupe en début de semaine prochaine, au nom de l’urgence en raison de sa situation financière.
Yanis Varoufakis remonte au front à propos de la suite des évènements, une fois passé le cap de la fin juin qui s’approche, afin de relativiser les affrontements en cours et de les placer dans un cadre plus large, comme le gouvernement grec l’a toujours recherché. Il lance un pavé dans la mare en suggérant que la BCE accepte de reporter ses lourdes échéances de l’été en procédant à un échange des titres obligataires grecs qui viennent à échéance. Comme s’il s’attendait dès maintenant à ce que les discussions sur la dette prennent autant de temps que celles sur le dernier versement du plan de sauvetage qui se poursuivent sans succès après trois mois intenses de négociations. C’est l’occasion pour Jens Weidmann, le président de la Bundesbank, de remonter au front sur un autre terrain – afin de bloquer d’autres initiatives de Mario Draghi -, celui des liquidités d’urgence dont la BCE ne cesse de relever le plafond pour éviter l’écroulement du système bancaire grec. Il a en effet beau jeu de prendre date en relevant que ce soutien a dépassé ses bornes réglementaires, la solvabilité des banques étant plus que douteuse.
À propos de futures négociations sur ce qu’il dénomme « l’allégement » de la dette grecque, Jeroen Dijsselbloem fait régulièrement état des « conditions politiques » qui ne seraient pas remplies pour procéder à une restructuration en bonne et due forme de la dette, c’est-à-dire à son effacement partiel. Il ne les identifie pas plus avant, conduisant à s’interroger sur le calendrier électoral européen et ses importantes échéances de 2017, qui devraient si l’on comprend bien être dépassées pour que l’on puisse entrer dans le vif du sujet, c’est-à-dire reconnaître des pertes, le transfert privé-public précédent de la dette enfoui dans le passé. Ce n’est à ce stade qu’une hypothèse, la candidature du président de l’Eurogroupe à un deuxième mandat l’opposant par ailleurs à celle de l’Espagnol Luis de Guindos, dont on peut remarquer qu’il a dernièrement assoupli ses propos à propos de la Grèce.
Alexis Tsipras ne cesse de réclamer une « solution politique » et va à nouveau la chercher à Riga, où va se tenir les 21 et 22 mai prochains un nouveau sommet européen, avec à son ordre du jour les partenariats avec les pays de l’Europe orientale et du Caucase du Sud.