Billet invité.
Le gouvernement grec a encore deux semaines de trésorerie devant lui au plus selon Yanis Varoufakis qui ne veut pas « tourner autour du pot ». Mais en dépit d’un ton accommodant, une sorte de supplice chinois est poursuivi. Réunion après réunion des « progrès » sont constatés par les dirigeants européens, mais il reste toujours « un effort à faire ». Les fameuses lignes rouges qu’ils se gardent d’identifier font toujours obstacle à l’accord qu’ils veulent imposer et qui porterait un nom : capitulation. Traçant au contraire ses lignes de défense, le ministre grec des finances a formulé deux principes de base : « mettre fin au cycle déflationniste » et « mieux répartir le fardeau des plus faibles sur les autres ».
Le gouvernement grec participe à la stratégie de communication qui consiste à arrondir les angles, et en rajoute même, afin de ne pas aller à l’encontre d’une opinion publique grecque inquiète à la perspective d’une rupture. Ce qui l’a conduit, après débat interne semble-t-il, à consacrer ses fonds de tiroir au payement d’une échéance de remboursement du FMI, dont l’annonce a été opportunément faite lors de la réunion d’hier de l’Eurogroupe. Sous la forme d’une énième tentative de débloquer des fonds, mais une fois de plus sans succès. Seule lueur d’espoir apparue, une remarque de Jeroen Dijsselbloem, qui pas plus que Pierre Moscovici ne se décide à s’opposer ouvertement à la ligne dure qui prédomine, mais qui laisse entendre la possibilité d’un déblocage partiel dans des conditions entourées de mystère.
Toujours à l’offensive, Wolfgang Schäuble, affecte ne pas craindre la perspective d’un referendum en Grèce, coupant ainsi l’herbe sous le pied aux Grecs qui en ont fait un moyen de pression. Le délai de deux semaines annoncé par Yanis Varoufakis est pourtant valable pour tout le monde, mais le ministre allemand milite depuis longtemps pour la sortie de la Grèce de l’euro et n’en a cure. Les autres ministres laissent faire quand ils n’abondent pas dans son sens. Le silence des responsables français est-il à rapprocher de la déclaration du pore-parole du gouvernement Stéphane Le Foll, qui a déclaré que la France faisait « confiance au gouvernement allemand pour prendre toutes décisions nécessaires » à la suite des accusations d’espionnage des services allemands en liaison avec la NSA américaine ? Ou bien de celle de Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères, pour qui « ça ne remet en aucun cas en cause notre amitié qui est indéfectible » ? Non mais quelle audace !