Billet invité.
La fin de partie s’approche pour le gouvernement grec, dont les caisses seront vides dans deux semaines au maximum. Dans une lettre datée du 15 mars, Alexis Tsipras avait annoncé à Angela Merkel, qu’il rencontre aujourd’hui à Berlin, qu’il allait devoir très vite faire un choix entre faire face aux échéances de remboursement des dettes et poursuivre les dépenses sociales. Sans accès aux marchés financiers, soumis aux restrictions de la BCE, aucun gouvernement ne pourrait assurer le service de la dette, fait-il remarquer dans son courrier.
Alexis Tsipras et Angela Merkel n’ont pas retenu les mêmes conclusions du mini-sommet de la semaine dernière, le premier prétendant que le gouvernement gardait l’initiative des mesures à prendre, et la seconde qu’il fallait revenir aux exigences précédentes. Luis de Guindos, le ministre espagnol des finances, l’a par la suite clairement explicité, martelant qu’entre deux dangers – une sortie de la Grèce de l’euro et une violation des règles – le second serait « plus important ».
Cela ne laisse à la Grèce d’autre choix que de s’enfoncer plus avant dans la crise sociale et de poursuivre un effondrement sans équivalent en Europe depuis la seconde guerre mondiale. L’ensemble des dirigeants européens en porte collectivement la responsabilité pour ne pas s’y être opposé, faisant de l’Europe un repoussoir et allant devoir en assumer les conséquences politiques. L’échec est collectif et chacun devra le payer.
La leçon est en passe d’être administrée aux Grecs, mais va-t-elle calmer le jeu partout ailleurs en Europe ? On peut en douter au vu des événements du week-end, au choc que représente le score électoral de l’extrême-droite française aux cantonales, mais aussi aux résultats des élections régionales en Andalousie, les premières d’une longue série. L’émergence de Podemos ainsi que du nouveau venu Ciudadanos – sa copie à droite – se confirme en Espagne, marquant une forte désaffection pour les partis de gouvernement et bousculant les jeux politiques traditionnels, sans que cela représente à ce stade une alternative politique claire : les cartes ont été une première fois battues, la partie a commencé.
C’est également le cas en Irlande, où des dizaines de milliers de manifestant ont protesté samedi dernier contre la facturation de l’eau, dont la distribution était jusqu’à maintenant financée par des crédits budgétaires, c’est-à-dire payée par les impôts. Le gouvernement irlandais s’était engagé en 2010 auprès du FMI et de l’Union européenne, à l’occasion de l’adoption de son plan de sauvetage, à créer cette nouvelle taxe, sans diminution correspondante de la charge fiscale. Les élections doivent intervenir au plus tard en avril 2016 en Irlande, mais elles pourraient intervenir plus tôt si le parti travailliste rompait la coalition au pouvoir, inquiet des progrès du Sinn Féin dont les sondages témoignent.