Billet invité.
Il est des amitiés dont on pourrait parfois se passer. Martin Schultz, président du Parlement européen, et Jean-Claude Juncker, président de la Commission, ont manifesté leur sollicitude à Alexis Tsipras, qui a entamé en fin de semaine une nouvelle tournée afin de recueillir des fonds : « Engagez-vous à poursuivre les privatisations » lui ont-il conseillé…
Le goutte à goutte alimenté par la BCE ne va pas permettre de passer le cap des échéances de fin de mois, le gouvernement grec demandant une hausse du plafond d’émission de bons du Trésor auquel il est contraint. Les augmentations successives et à dose homéopathique du montant des liquidités d’urgence (ELA) dont les banques continuent de bénéficier ne suffisent pas, tandis que Jens Weidmann, le président de la Bundesbank, dénonce leur utilisation pour financer le budget de l’État.
Afin de ne pas devoir assumer ses responsabilités, la BCE avait pris une longueur d’avance en se contentant d’un soutien financier a minima, via l’ELA, tous les autres robinets ayant été fermés. Dans le rôle de l’ami qui vous veut du bien, Jean-Claude Juncker se défausse à son tour en déclarant que toute décision est entre les mains de l’Eurogroupe. Et Wolfgang Schäuble continue depuis Berlin de mettre de l’huile sur le feu.
Alexis Tsipras rappelle qu’une restructuration de la dette grecque est « une nécessité vitale », mais cette question n’est même pas abordée. Yanis Varoufakis a déclaré au Corriere della Serra « nous sommes prêts à renvoyer à plus tard l’application de certains engagement électoraux si cela s’avère nécessaire à donner la confiance à nos partenaires », mais cela ne suffit pas, car il ne les a pas clairement identifiés.
Tant qu’il sera possible de faire reculer le gouvernement grec, la stratégie actuelle d’étranglement sera poursuivie. Un sauvetage de dernière minute sous condition sera ensuite organisé afin d’aborder la suite de ce que l’on n’ose pas appeler des négociations. L’idée n’est pas de faire tomber le gouvernement grec, mais de le faire plier. Ceux qui sont à la manœuvre et ceux qui la laissent faire en se taisant n’en sortent pas grandis : même le financement du plan d’aide humanitaire gouvernemental fait actuellement défaut…