Billet invité.
Des tractations décisives sont en cours en vue de la validation d’une liste des mesures proposées par le gouvernement grec pour application dans les quatre mois à venir, avant qu’elle ne soit soumise pour accord à une nouvelle réunion de l’Eurogroupe demain mardi.
Ne disposant que d’une étroite marge de manœuvre, l’équipe de Syriza tente de préserver ce qu’elle peut de ses intentions, soumise à un contrôle pointilleux qui n’est pas appelé à désarmer. Afin de ne pas appliquer les baisses des retraites ou hausse de la TVA que la Troïka exigeait auparavant, le gouvernement grec doit trouver d’autres mesures destinées à rapporter un montant équivalent. Ces nouvelles recettes devraient également financer les dépenses du plan humanitaire pour les plus démunis et l’augmentation progressive du Smic, s’ils sont sauvés. Il va aussi falloir obtenir de rétablir les négociations salariales collectives dans le droit du travail, une opération financièrement neutre. Enfin, le programme de privatisation va devoir reprendre.
Afin de respecter cet équilibre financier, le gouvernement grec va aligner un programme de recouvrement partiel des énormes dettes fiscales des entreprises et des particuliers, l’imposition des grandes fortunes, ainsi que la lutte contre les trafics d’essence et de cigarettes. Mais il va falloir rendre crédible aux yeux des censeurs européens ce paquet de mesures, ce qui ne va pas aller sans de probables renoncements par ailleurs. D’autant que la situation des banques grecques est devenue très précaire à force de retraits des dépôts.
Les négociations dépassent les considérations d’équilibre financier qui sont affichées. En guise de « bon compromis » – comme l’a salué François Hollande – la démonstration entamée va se poursuivre : le gouvernement grec a plié et il ne va lui être laissé que le nez hors de l’eau. Une issue qui devra encore être confirmée à la fin avril, alors seulement assortie de la libération du dernier versement du second plan de sauvetage. Entretemps, il faudra tenir avec des bouts de ficelle et des fonds de tiroir.
Les modalités de sa tutelle modifiées, le gouvernement grec pourra seulement se prévaloir d’avoir évité le pire. Mais les facilités financières qui lui seront parcimonieusement accordées n’auront pour objectif que de permettre de rouler sa dette, à charge pour lui de gérer une austérité qui n’aura pas été aggravée, et qu’il s’efforcera d’atténuer. Mais rien ne sera réglé, car il va falloir mettre en chantier un troisième plan pour enchaîner avec l’extension de l’actuel. Un plan qui sera sans nul doute encore une fois tiré sur la comète, mais dont l’heure de vérité sera lointaine…