Billet invité.
Rejetant l’ultimatum de Jeroen Dijsselbloem lui enjoignant de solliciter une extension du plan de sauvetage existant qui lui lierait les mains, le gouvernement grec a répliqué en annonçant qu’il allait lui adresser une demande d’extension du financement européen, pour 4 ou 6 mois suivant les sources. En l’assortissant de trois garanties : pas de retour en arrière sur les réformes déjà réalisées, poursuite de la réalisation d’un excédent budgétaire primaire, et remboursement intégral des créanciers. En contre-partie, le gouvernement grec serait libre de mener sa politique de réformes, dans l’attente de la mise en forme et de l’adoption d’un nouveau plan global.
Le premier ministre grec cherche un point d’appui et joue la division entre ses interlocuteurs. Ce schéma reprend en effet les termes du texte présenté par le commissaire Pierre Moscovici avant la réunion de l’Eurogroupe d’hier, qui n’a pas été discuté lors de celle-ci mais que Yanis Varoufakis s’est déclaré prêt à signer. Il a été depuis hier confirmé qu’il représentait un projet de compromis sur lequel les fonctionnaires de la Commission avaient travaillé, mais qui n’a pas été défendu ni même revendiqué par la suite.
Pour sa part, Wolfgang Schäuble a continué hier de faire porter la responsabilité de l’échec des discussions sur le gouvernement grec en déclarant que « personne n’a très bien compris si la Grèce sait ce qu’elle veut ». Lui réclame qu’elle s’engage « de manière claire, solide et crédible à remplir le programme, si ce n’est pas à la fin février, à une date dont on puisse discuter ». En d’autres termes, les mesures qui y sont prévues, que le précédent premier ministre Antonis Samaras avait refusé d’accepter, ne sont pas négociables…
Le ministre allemand varie toutefois selon les circonstances, ayant déclaré hier à la télévision allemande ADR que si la voie des réformes « n’est pas poursuivie, alors le gouvernement grec doit dire comment il veut résoudre les problèmes de la Grèce. Nous n’avons pas eu jusqu’ici le moindre début de réponse », ignorant la demande constante de celui-ci de disposer d’un peu de temps pour mettre au point ses projets dans le détail.
Faisant monter les enchères, à l’habitude, Alexis Tsipras a annoncé mettre à l’ordre du jour de vendredi du Parlement grec une mesure qui, à condition d’être mise au vote et adoptée, contreviendrait aux principes affichés dans le projet d’accord de Pierre Moscovici : afin d’éviter les saisies immobilières, les plus démunis bénéficieraient en effet d’un étalement de leur dette sur 100 mois. Une seconde loi devrait prochainement être proposée à l’adoption réintroduisant les négociations collectives sur les salaires qui ont été supprimées à la demande de la Troïka.
Le conseil des gouverneurs de la BCE devra décider aujourd’hui de la poursuite du programme d’aide aux banques grecques (ELA), mais du côté de la Commission, peut-on attendre un sursaut ?