Billet invité.
Qui osera désormais relever le gant du gouvernement allemand, qui vient de clairement déclarer qu’une extension de l’aide à la Grèce était « indissociable » de la réalisation des « réformes convenues », celles qu’a précédemment exigées la Troïka et que l’ancien premier ministre Antonis Samaras avait refusé d’appliquer ? Tout à son rigorisme, le gouvernement allemand s’arroge le droit de décider pour tous les pays de la zone euro et ses partenaires le laissent faire jusqu’à plus ample informé. « Il n’est pas acceptable et il ne sera pas accepté… » a déclaré Martin Jäger, le porte-parole de Wolfgang Schäuble.
Cela va laisser de profondes traces, si c’est entériné.
Rien ne permettant de supposer une capitulation du gouvernement grec, cette intransigeance a pour logique la sortie de l’euro de la Grèce, dont les conséquences vont pouvoir être mesurées, le remboursement des prêts à la Grèce allant être sur la sellette. Les gouvernements en feront alors porter la responsabilité aux Grecs, afin de faire oublier leur décision initiale de protéger le système bancaire européen en se substituant à lui, une fois de plus… et de trop.
Le gouvernement grec a tout tenté pour l’éviter, proposant d’éluder la réduction de sa dette malgré qu’elle soit insoutenable et ne demandant que quelques semaines pour négocier un nouveau plan d’ensemble. Mais celui-ci a le défaut de remettre en cause une stratégie qui pourtant plonge pour longtemps les pays de la zone euro dans la stagnation, sous une forte pression déflationniste, et lui fait subir un très haut niveau de chômage, en particulier pour les jeunes. Mais pour ses artisans, il n’y a pas de plan B ! Et le projet grec jette un éclairage immédiat sur sa dette dont ses créanciers ne veulent pas, leur remboursement n’intervenant qu’après une période de carence de dix ans, leur permettant de repousser le problème d’autant.
Le tournant pas pris, le mur sera devant.