LA PORTE RESTE ENTREBÂILLÉE… par François Leclerc

Billet invité.

S’exprimant depuis Washington aux côtés de Barack Obama, la chancelière Angela Merkel n’a pas voulu fermer la porte aux négociations : « j’ai toujours dit que j’attendais de la Grèce qu’elle fasse des propositions viables afin que nous puissions en parler ». De son côté, Wolfgang Schäuble déclarait hier que « si [la Grèce] veut notre aide, il faut un programme », ajoutant : « je n’ai toujours pas compris comment le gouvernement grec veut s’y prendre ».

Celui-ci ne fait pourtant pas mystère de ses intentions, qui peu à peu se précisent et peuvent se résumer ainsi :

1/ L’adoption d’un programme d’aide humanitaire d’urgence.
2/ Un accord financier permettant de passer le cap des remboursements de la dette jusqu’à fin août, le temps de mettre au point un plan de quatre ans qui prendra effet au 1er septembre.
3/ Un engagement limité à 1,5 % d’excédent budgétaire primaire brut pour la suite.
4/ Le démarrage des discussions sur la restructuration de la dette sur la base des propositions déjà faites : remboursement des prêts bilatéraux et du Fonds européen de stabilité financière en fonction de la croissance, et émission de titres perpétuels en échange de ceux détenus par la BCE.

Selon l’agence de presse allemande DPA et une source du ministère des finances grec, un plan de dix mesures couvrant cette période intérimaire et prenant appui sur un courrier de Jean-Claude Juncker est en cours d’élaboration à Athènes, en vue de le présenter à la réunion de l’Eurogroupe de demain mercredi. Angel Gurria, le secrétaire général de l’OCDE, est attendu mercredi à Athènes et pourrait lui apporter sa caution. Les représentants de l’Eurogroupe, de la BCE et du FMI ne sont pas associés à ces travaux, auxquels l’administration américaine ne serait pas totalement étrangère.

Yanis Varoufakis avait hier abordé le sujet devant le Parlement, en annonçant être prêt à s’engager sur « 70 % des réformes contenues dans le mémorandum », tout en ajoutant « à partir du moment où les 30 % de réformes qui nous semblent inacceptables sont suspendues ou annulées ». Au plan financier, le gouvernement grec demande le reversement par la BCE des 1,9 milliard d’euros dont elle dispose au titre des intérêts sur les titres de la dette, le déblocage des 5,3 milliards d’euros de la dernière tranche du plan de sauvetage, ainsi que le déplafonnement à hauteur de 8 milliards d’euros des émissions de bons du Trésor, les banques continuant à bénéficier des liquidités d’urgence.

La situation de la Grèce est au cœur des discussions informelles du G20 finances qui se tient à Istanbul. George Osborne, le ministre britannique des finances, y a tenu des propos alarmistes en déclarant que « le risque d’un mauvais calcul ou d’un faux pas conduisant à une mauvaise issue grandissent ». « Ici, au G20, nous poussons toutes les parties prenantes à ce différend à trouver une solution commune », a-t-il ajouté. Ce soir, Alexis Tsipras se soumettra au vote de confiance du Parlement grec.