TOUT LEUR RÉUSSIT, ENCORE UNE FOIS BRAVO ! par François Leclerc

Billet invité

« Retenez-moi, sinon je fais un malheur ! ». Tel est en substance le message que la nouvelle Commission européenne vient d’adresser faute d’inspiration aux mauvais élèves que sont l’Autriche, la Belgique, l’Espagne, la France, l’Italie, Malte et le Portugal. Quelques mois leur sont accordés, le temps de trouver une autre manière de gagner du temps. Des engagements ont été pris pour redresser la barre, mais ceux du gouvernement français restent confidentiels, comme s’ils n’étaient pas assumés ou non destinés à être plus tard vérifiés, sans doute les deux à la fois.

Pour saluer cette difficile et courageuse décision, le Commissaire Pierre Moscovici a su trouver les mots qu’il faut, qualifiant cette temporisation de « politiquement et économiquement justifiée » tout en faisant valoir que « la Commission est là pour faire appliquer les règles, avec flexibilité mais sans créativité excessive ». Pourquoi d’ailleurs se précipiter ? L’inflation est encore à 0,3 % en zone Euro, selon les derniers chiffres d’Eurostat, le rythme de sa décélération ne s’aggravant pas, peut-on faire remarquer aux Cassandre, celui de l’inflation sous-jacente étant stabilisée pour l’instant.

En octobre, le taux de chômage des Italiens a continué de monter selon l’institut Istat pour atteindre 13 % (43,6 % chez les moins de 24 ans), mais il n’est détérioré que de 0,5 % par rapport aux prévisions des économistes. Pour Graziano Delrio, le bras droit du président du Conseil Matteo Renzi, s’en émouvoir n’est que du « bavardage », car « nous sommes sur la bonne voie. Le nombre de personnes en recherche de travail augmente ; mais en même temps, il y a plus de gens qui trouvent du travail ». Imparable. En Italie, le nombre de personnes à la recherche d’un emploi a en octobre atteint 3,41 millions (après correction des variations saisonnières), soit une hausse de 2,7 % sur un mois et un bond proche de 10 % en un an. Derrière les pourcentages, des femmes et des hommes.

La coalition grecque au pouvoir toujours au bord de l’effondrement, les restes du Pasok se déchirant et le pays s’acheminant vers des élections, les derniers pourparlers avec la Troïka qui se tiennent à Paris depuis septembre (comme si à Athènes il n’en était plus question) continuent de patiner. De nouvelles réformes du droit du travail et du droit syndical ainsi que des assurances sociales comptent parmi les points litigieux de ces négociations. Le plan de sauvetage du pays arrivant à échéance à la fin de l’année, Evangelos Venizelos, le vice-premier ministre membre du Pasok, cherche à obtenir des prolongations. Avant de chercher par la suite une solution d’accompagnement financier qui sera accompagnée sans nul doute d’avancées sociales novatrices en contrepartie. Saluons le courage de ceux qui sont aux manettes et persévèrent contre vents et marées !

Le pays est d’ores et déjà débiteur de 240 milliards d’euros, et il est tenté de maintenir le plus longtemps possible la fiction que les fonds publics de l’Union européenne et du FMI seront remboursés. Ils ne le seront pas.