Hong-Kong : LA RÉVOLUTION DES PARAPLUIES PREND LE RELAIS, par François Leclerc

Billet invité.

Un même élan parcourt le monde et trouve aujourd’hui son expression à Hong Kong. Nuit après nuit, des dizaines de milliers de manifestants – les étudiants et lycéens formant le gros des troupes – occupent les rues de la Région administrative spéciale de la République populaire de Chine. Ils convergent aujourd’hui vers la place Golden Bauhinia, où doit être célébré le 65ème anniversaire de la fondation de la Chine populaire, après avoir passé une courte nuit sous des pluies diluviennes dans les quartiers d’affaire de Central et d’Admiralty, leur point de ralliement. Il fallait un surnom au mouvement initié par l’organisationOccupy Central, il a été vite trouvé avec celui de la révolution des parapluies.

Les protestataires ont décidé d’occuper la ville tant qu’ils n’auront pas obtenu les réformes politiques promises lors de la rétrocession de Hong Kong à la Chine, en 1997, et s’insurgent contre le projet officiel d’accorder le suffrage universel mais en conservant le contrôle des candidatures. La police de Hong Kong intervient brutalement et les autorités de Pékin dénoncent les « activités illégales », mettant en garde contre toute ingérence extérieure, car il s’agit d’évidence « d’une affaire intérieure chinoise » et l’on est instamment prié de ne pas s’en mêler.

Dans les médias chinois, une épaisse censure s’est abattue à propos des évènements en cours, car un fantôme est présent dans toutes les têtes, celui des manifestations de Tian’anmen en 1989, du massacre qui eut lieu et de la répression qui s’en suivit, marquant un coup d’arrêt dans l’évolution de la politique de la direction chinoise. La démocratie est une maladie très contagieuse et les dirigeants du Parti-État sont atteints du syndrome Gorbatchev, faisant tout pour dissocier la libéralisation économique de la politique, s’efforçant péniblement de faire avancer l’une, freinés par leurs contradictions d’intérêt, et de bloquer l’autre en espérant contenter la population en la faisant accéder à un nouveau modèle de consommation.

Le pire est de nouveau à craindre.