LE G20 de Cairns des grands argentiers : UN SEUIL D’INCOMPÉTENCE DÉPASSÉ, par François Leclerc

Billet invité.

Quand va-t-on se décider à supprimer le G20, en son temps présenté comme l’espoir d’une nouvelle gouvernance mondiale et désormais devenu le lieu de prédilection de l’indécision ? Une nouvelle réunion des ministres des finances se tient ce week-end à Cairns, en Australie, qui donne lieu comme cela en est devenu l’habitude à un nouveau communiqué ronflant, fait d’engagements non tenus, de mises en gardes sans effet et de chiffrages mirobolants voués à ne pas être atteints. La machine tourne à vide, il faut d’urgence l’arrêter, son seul effet est de démontrer son inefficacité !

Ses participants sombrent dans le pathétique tout en souriant à la caméra, « déterminés à rendre le monde meilleur, à développer la croissance mondiale, créer plus d’emplois et des emplois mieux payés…. » comme a entre autres promesses mirifiques annoncé dans son discours d’ouverture Joe Hockey, le Trésorier australien. « Je n’ai aucun doute qu’après le résultat des délibérations de la réunion de ce week-end, suivie du sommet des chefs d’États et de gouvernement à Brisbane, nous aurons l’occasion de changer le destin de l’économie mondiale » : il est bien le seul dans ce cas !

Ministres, chefs d’États ou de gouvernement, ils sont devenus les champions de la litote. Michel Sapin confie que l’objectif de croissance fixé pour 2019 était « difficile à atteindre », manière d’annoncer qu’il ne le sera pas. Pour autant, « il n’est pas simple de mettre au point des programmes de croissance supplémentaire dans des conditions qui correspondent aux réalités », admet-il, avant d’y revenir comme à une idée fixe : « l’important c’est de retrouver une croissance ». À Cairns, le seuil d’incompétence collectif est largement dépassé.

C’est aussi le cas dans les milieux boursiers, toujours à la recherche d’une martingale à proposer aux gogos. Un nouveau risque a été découvert : le risque humain, nous explique la finance comportementale dont la science nouvelle a valu à Daniel Kahneman un prix Nobel d’économie en 2002. Les outils d’analyse classiques ne permettent pas de bien comprendre « les événements extrêmes, les phénomènes de bulle ou de krach », expliquent une poignée de gestionnaires d’actifs à la pointe de l’innovation. Qu’à cela ne tienne, « la finance comportementale, en se fondant sur la psychologie et en prenant en compte le risque humain, va permettre de regarder sous un jour nouveau le fonctionnement de l’économie et des marchés » annonce triomphant le directeur de l’un d’entre eux !

Une mission de conseil au G20 pourrait être avantageusement envisagée…