Billet invité
Un pas en avant, un pas en arrière. Mario Draghi a repris aujourd’hui le terme employé avant-hier par Wolfgang Schäuble, selon qui ses propos tenus à Jackson Hole avaient été « sur-interprétés », prenant acte – en toute indépendance, cela va de soi – du refus du gouvernement allemand et de la Bundesbank de le suivre sur un terrain glissant. Il a procédé à sa propre explication de texte pour noyer le poisson, estimant que « chacun devait faire son travail » pour enrayer la baisse de l’inflation, aux gouvernements de mener des politiques budgétaires favorables à la croissance et l’emploi tout en réalisant des réformes structurelles (et de trouver les marges de manœuvre le permettant !). Il n’est pour le moment plus question de flexibilité de la politique fiscale, en attendant des jours meilleurs et des circonstances plus propices.
Pour sa part, la BCE a abaissé à 0,05 % son principal taux directeur – autant dire que le loyer de l’argent est gratuit pour les établissements financiers – et a encore baissé son taux de rémunération, devenu négatif, des dépôts bancaires dans son coffre-fort. Présentées comme allant relancer le crédit aux entreprises et assurer le retour de l’inflation, ces deux mesures, ainsi que l’annonce d’un « large » et non chiffré nouveau programme d’achat de dette privée titrisée (ABS), qui était depuis longtemps à l’étude, auront plus sûrement comme effet de soulager les bilans bancaires en ces temps de troisième version des stress-tests. La BCE n’y étant pas soumise, cela lui permet de continuer à jouer les bad banks pour le compte d’autrui.
Encore une petite pelletée de terre ?