Billet invité.
Le calme est revenu sur les marchés européens, mais la partie n’est pas finie. Les interrogations sur la santé réelle du groupe Espirito Santo restent sans réponse, alimentées par de premières découvertes qui en appellent d’autres. Les agences de notation poursuivent leurs dégradations de la note des différentes structures du groupe, sanctionnant des faiblesses avérées et anticipant la révélation de nouvelles. Les liens consanguins qui unissent le groupe justifient toutes les inquiétudes, d’autant qu’il contrôle des secteurs significatifs de l’économie portugaise. L’hypothèse d’une sortie prématurée de la logique des plans de sauvetage s’en trouverait confortée, infirmant les déclarations des dirigeants européens qui l’ont présentée comme une illustration de la justesse de leur politique.
Toute à son rôle, la Banque du Portugal joue l’apaisement, mais les déclarations du premier ministre annoncent une suite qui pourrait être mouvementée. En écartant toute aide financière de l’État, Pedro Passos Coelho tente de désamorcer les réactions qu’elle soulèverait, tout en évoquant la nécessité d’un futur sauvetage. La famille Espirito Santo s’est en effet illustrée par ses liens étroits avec la dictature, héritière d’une époque que les Portugais auraient préféré définitivement oublier mais dont le souvenir est revenu avec le retour de la pauvreté. Ses représentants ont déjà été écartés de la direction de la Banque BES par la Banque du Portugal, mais le symbole que représente la dynastie Espirito Santo demeure.
Tout est désormais suspendu à la divulgation du plan de restructuration annoncé du groupe, enjeu probable de toutes les tractations. Car si l’État ne devait pas intervenir, comme le Financial Times le suggère dans son éditorial, il ne resterait plus que les actionnaires et les créanciers pour éponger les pertes, en application anticipée de la directive européenne sur la résolution des crises bancaires adoptée en avril dernier pour effet fin 2015. Les montages financiers auxquels le groupe s’est prêté auraient selon ce schéma d’autres conséquences qui ne peuvent être évaluées étant donné l’opacité régnante. Mais les partenaires du groupe ont-il désormais d’autres choix que de s’entendre sur la répartition de pertes, avec la tentation de tenter de les minimiser ? Pour mémoire, le Crédit agricole reste actionnaire à 15% de la BES et devrait prendre sa part.
Les bonnes résolutions affichées à propos de l’Union bancaire vont être mises à l’épreuve au Portugal.