Billet invité
Devinette : que peut-il être négocié dans un cadre indiscuté mais qui « fixe des règles claires et offre une multitude de possibilités de flexibilité » selon Angela Merkel, sous le regard de Jens Weidmann, le président de la Bundesbank, qui constate que « nous n’avons pas besoin d’un affaiblissement mais d’un renforcement des règles budgétaires » ? Les chefs d’État et de gouvernement ont deux jours pour trouver une solution dont ils pourront se prévaloir jeudi et vendredi à Bruxelles.
Sur des registres différents, Matteo Renzi – à l’offensive en déplorant que l’Europe soit « submergée de chiffres et privée d’une âme » , mais s’en tenant aux effets de manche – et plus laborieusement François Hollande recherchent tous deux une « marge de flexibilité » dans des règles qui n’en accordent guère. L’hypothèse d’un mode de calcul assoupli du déficit s’éloignant, on en revient à celle d’une relance par l’investissement, mais en ajustant des bouts de ficelle. Selon François Hollande, cette relance mobiliserait « les ressources publiques européennes et nationales, ainsi que les ressources de l’épargne privée et les grands investisseurs ». Tout cela mis bout à bout permettant d’afficher dans le cadre d’un plan de cinq ans l’improbable montant annuel de 240 milliards d’euros… Un effet d’annonce de plus.
Divisés entre eux, les frondeurs sociaux-démocrates européens tentent d’obtenir par des tractations ce qu’ils ont exclu de rechercher par l’affrontement. Ils se condamnent à obtenir des accommodements, pour lesquels il va falloir fournir des contreparties et qui ne résoudront rien. Ni le fait que la dette est insoutenable pour nombre de pays, ni que l’Europe va continuer de plonger dans la déflation et de connaître une croissance anémique. Des élections européennes viennent d’avoir lieu, mais elles n’ont pas ouvert un débat qui reste obstinément fermé. Les manifestations de la crise politique n’ont pas manqué ces derniers temps, elles ne vont pouvoir que rebondir devant cet autre déficit que les dirigeants européens ne font que creuser : le déficit démocratique.