Billet invité
C’est le nez devant l’obstacle infranchissable que représentaient la France et l’Italie que les dirigeants européens s’engagent dans des tractations visant à assouplir des règles de désendettement réaffirmées pour la galerie. Mais l’ambition est mesurée, ce qui tombe bien car ce qui peut être accordé sera chichement mesuré.
Une seule question se pose, avant même de s’interroger sur la manière de la résorber : le niveau atteint par la dette publique est-il soutenable ? C’est particulièrement peu vraisemblable dans le cas de l’Italie, comme il est largement reconnu, et lui accorder des délais ne résoudra rien. Soit il faudra modifier le taux butoir de 60 % du PIB, soit accorder délais après délais. À moins que l’on en vienne à restructurer sa dette, en commençant comme prévu dans le cas de la Grèce par la rééchelonner, avant de devoir, le plus tard possible, procéder à une nouvelle décote.
Laissons les autorités à leur petite alchimie, afin qu’elles modifient par exemple les modalités de calcul du déficit pour donner du mou à la laisse, ainsi qu’à leurs calendriers à rallonge, et venons-en à la seconde question essentielle, celle de la croissance. Il serait question de lui donner un coup de pouce et de ne plus seulement attendre son irrésistible ascension à partir des réformes structurelles et autres optimisations du coût du travail. Mais encore ? De procéder par relance des investissements et certainement pas de la consommation. Dans quels secteurs ? Toujours les mêmes sont vaguement énumérés : l’éducation, la recherche, les infrastructures, l’énergie… Mais il faudra du temps pour que de tels investissements produisent leurs effets, et l’on en revient toujours à des problèmes de calendrier.
L’attentisme est érigé en principe. Mais en attendant Godot qui ne vient jamais, il va falloir donner des contreparties à la Commission européenne, les empêcheurs de tourner en rond du FMI mis hors circuit, et aligner les réformes structurelles. Car c’est bien là l’essentiel. Qui a dans l’immédiat gagné dans cette affaire ? Ce sont les équipes qui peuvent prétendre avoir évité le pire et espérer ainsi se maintenir. Combien de temps va-t-il falloir attendre pour se rendre compte que cela ne marche toujours pas ? Le plus possible. Nous avons élu des héros.