Billet invité
« Préparer la restructuration de la dette pour disposer d’une croissance durable » : c’est sous ce titre que soixante-dix Portugais de tous bords lancent un gros pavé dans la mare européenne sous la forme d’un long manifeste (en Portugais) très argumenté. Dans la liste impressionnante des signataires, on trouve aussi bien d’anciens ministres, des dirigeants politiques allant du centre droit à l’extrême-gauche, ainsi que des syndicalistes et des chefs d’entreprises. En dépit de ce qui les oppose sur la scène portugaise, ils préconisent ensemble une restructuration de dette s’appuyant sur trois principes : une décote la ramenant à 60 % du PIB, un solde dont la maturité est modifiée pour atteindre 40 ans et un taux d’intérêt diminué.
Comme seule réponse, le premier ministre Pedro Passos Coelho, a répliqué que ce texte « niait la réalité », traduisant un grand embarras en raison de son isolement politique.
Les signataires n’ont pas fait de leur réflexion une affaire uniquement portugaise, précisant que « le Portugal n’est pas un cas unique » et considérant « qu’aucune stratégie de lutte contre la crise ne peut réussir si elle ne s’inscrit pas dans un processus soutenant la croissance économique et l’emploi, dans un contexte de cohésion nationale et de solidarité », pour affirmer : « une restructuration de la dette est une condition sine qua non pour atteindre ces objectifs. »
« Il n’y a a pas de raison que la Grèce soit moins capable que l’Irlande, le Portugal ou Chypre de rejoindre le groupe des pays à succès ». C’est par cette brillante péroraison que José Manuel Durão Barroso, ancien premier ministre portugais et président sortant de la Commission européenne, a apostrophé les dirigeants grecs à Athènes le 8 mars dernier. Sans doute ne lit-il plus la presse de son pays.